Un moment d’égarement, et il se reprend. Après s’être montré mi-mai «attristé par le diagnostic» et lui avoir souhaité un «prompt rétablissement» lorsque Joe Biden avait annoncé être atteint d’une forme agressive de cancer de la prostate, Donald Trump a ordonné mercredi le lancement d’une enquête contre l’entourage de son prédécesseur, qu’il soupçonne d’avoir «comploté» pour masquer le déclin de l’ancien président et usurper son pouvoir. La nouvelle du cancer de l’ancien président, ainsi qu’un nouveau livre faisant état des inquiétudes de certains membres du Parti démocrate quant à l’acuité mentale de Biden alors qu’il briguait sa réélection, ont ravivé ces dernière jours l’attention portée à la santé de l’ancien président.
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Selon le chef d’Etat républicain, qui avait promis pendant sa campagne une «vengeance» contre ses adversaires politiques, de tels agissements «auraient des conséquences pour la légalité et la validité de nombreuses décisions prises au nom» de son prédécesseur démocrate. Le Président a confié à l’avocat de la Maison Blanche la mission «d’enquêter, dans les limites prévues par la loi, pour déterminer si certains individus ont comploté afin de mentir au public à propos de l’état mental de Biden et exercer de manière inconstitutionnelle les prérogatives et responsabilités du président.»
«Signature automatique»
Donald Trump assure qu’il est «de plus en plus clair que d’anciens conseillers du président Biden ont usurpé le pouvoir de la signature présidentielle à travers l’utilisation d’un système de signature automatique». Le républicain estime que «ce complot représente l’un des scandales les plus dangereux et inquiétants de l’histoire américaine». L’enquête qu’il a décidée doit aussi déterminer «pour quels documents la signature automatique a été utilisée», en particulier des grâces et des décrets.
Joe Biden a rapidement réagi, en dénonçant dans un communiqué transmis des allégations «ridicules et fausses». «Soyons clairs : c’est moi qui prenais les décisions pendant ma présidence. Je prenais les décisions concernant les grâces, les décrets, les lois et les proclamations. Il est ridicule et faux de suggérer que ce n’était pas moi qui le faisais.»
Juste avant de céder le pouvoir à son pire ennemi politique, Biden avait accordé des grâces préventives à plusieurs alliés politiques ainsi qu’à des membres de sa famille, dont son fils Hunter, une cible récurrente du camp trumpiste, pour les protéger face à de futures poursuites. Pendant sa campagne, Donald Trump avait attaqué sans relâche les capacités cognitives selon lui diminuées de Joe Biden et il a continué sur cette voie depuis son retour au pouvoir.
Signes de fatigue
Dans un livre choc, le Péché originel, deux journalistes américains affirment également qu’à la fin de son mandat, l’entourage de Joe Biden limitait au maximum les échanges du président avec la presse et même ses ministres. Le démocrate a montré, particulièrement à partir de l’été 2023, des signes de fatigue grandissante. Considéré comme l’un des présidents américains les moins accessibles pour les journalistes, Joe Biden était par ailleurs coutumier de gaffes verbales parfois spectaculaires. La Maison Blanche a toujours soutenu qu’il était en bonne santé et en pleine possession de ses moyens intellectuels.
Le démocrate avait complètement perdu pied, en direct devant des millions de téléspectateurs, pendant un débat le 27 juin avec Donald Trump, mais s’était encore accroché quelque temps à sa candidature pour un second mandat, avant de laisser la place à la vice-présidente, Kamalas Harris. Celle-ci a été battue par le républicain, déjà président de 2017 à 2021, et qui avait signé là un incroyable retour.
Le président américain a déjà pris plusieurs décisions motivées par son désir, publiquement exprimé, de «vengeance» après l’élection de 2020, dont il continue d’affirmer, sans preuve, qu’elle lui a été volée. Il a gracié les assaillants du Capitole du 6 janvier 2021, qui avaient tenté d’empêcher le Congrès de certifier la victoire de Joe Biden. Donald Trump a aussi donné l’ordre de poursuivre deux hauts responsables qui s’étaient opposés à lui pendant son premier mandat et a forcé plusieurs cabinets d’avocats hostiles à offrir gratuitement leurs services à l’Etat fédéral, sous peine de sanctions. Il est par ailleurs passé à l’offensive contre les universités, les institutions culturelles et certains médias accusés d’avoir propagé des idées progressistes.