Seize attaques quasi simultanées ont éclaté dans l’ouest de la Colombie dans la matinée de ce mardi 10 juin. Des attaques armées coordonnées et des explosions de voitures piégées et de drones ont visé des postes de police et des bâtiments municipaux à Cali, troisième ville du pays, et dans plusieurs municipalités voisines comme Jamundi et Corinto. Des explosions ont également retenti à El Bordo, dans le département voisin du Cauca, et à Buenaventura, plus important port de la Colombie sur le Pacifique. Selon le bilan actuel du chef de la police Carlos Fernando Triana, trois personnes ont été tuées, dont deux policiers, et plusieurs autres blessées.
Attaques «démentielles»
Selon le média El Tiempo, les attentats à Cali ont visé des établissements de police de la ville. Une bombe a explosé dans un pâté de maisons proche du commissariat. «Les autorités sont déjà sur place. Notre priorité est de soigner les blessés et de garantir la sécurité de la communauté. Je demande aux citoyens de rester calme», a déclaré le maire de la ville, Alejandro Eder, sur son compte X. Selon le chef de la police, les guérilleros commémorent l’anniversaire de la mort en 2022 d’un ex-commandant, alias «Mayimbú». Carlos Fernando qualifie ces attaques de «démentielles».
Des affrontements entre groupes armés illégaux et l’armée auraient également éclaté dans cette région colombienne du Cauca et du Valle del Cauca. «Nous nous sommes réveillés avec des bombes et des coups de feu, vers 4 h 30, parce que la guérilla a commencé à attaquer la police et les soldats au poste de police», a expliqué une commerçante de la région à El Tiempo. La zone est connue pour être occupée par des dissidents de l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), contre laquelle l’armée mène des opérations.
Baron de la cocaïne
Dans ces deux départements et dans l’Amazonie colombienne, les dissidents des Farc de l’Etat-major central (EMC), commandés par Iván Mordisco, occupent de vastes zones de culture de coca, principal ingrédient de la cocaïne. Depuis plusieurs semaines fleurissent des spéculations autour de l’état de santé de Mordisco, qui aurait été blessé lors d’une opération militaire, et sa possible arrestation. Ces attaques coordonnées pourraient être en lien.
Le président Gustavo Petro, qui a avait ouvert des pourparlers de paix avec l’ensemble des guérillas et cartels qui opèrent dans la pays, premier producteur au monde de cocaïne, compare Mordisco au défunt baron de la cocaïne Pablo Escobar. Le dialogue de paix entamé avec son organisation a été rompu en avril 2024, Mordisco ayant abandonné les négociations.
Ces attentats et attaques surviennent trois jours après la tentative d’assassinat à Bogotá contre le sénateur de droite Miguel Uribe, 39 ans, prétendant à la présidence. Touché de deux balles dans la tête, il est dans un état grave.
Mise à jour à 18 h 43 avec davantage de précisions et de contexte.