Cette nuit-là promettait un désastre : l’Etat de la première puissance mondiale en chômage technique, deux millions de militaires privés de solde, 1,5 million de fonctionnaires fédéraux sans salaire, des dizaines d’aéroports fermés faute de contrôleurs aériens, et d’autres millions de quidams américains réduits à attendre pendant des semaines leurs chèques d’aide sociale. Tous victimes du énième psychodrame de la vie politique américaine et d’un Congrès pris en otage par la frange républicaine la plus extrémiste de la Chambre des représentants.
Au bout du compte, moins de trois heures avant l’heure fatidique, minuit le dimanche 1er octobre, les élus des deux partis ont réussi un retournement spectaculaire en votant par 335 voix contre 91 la reconduction pour 45 jours du financement de l’Etat. Si ce coup de théâtre, après trois semaines de rodéo législatif, de déchirement du Parti républicain et d’invectives haineuses au Capitole n’offre qu’un répit incertain au clivage intenable des Etats-Unis, il révèle, un an avant les élections présidentielle et législatives de novembre 2024, le premier glissement tectonique de l’après-Trump. Un signe inédit d’instinct de conservation pour un Parti républicain tiré depuis 2016 vers l’abîme nihiliste.
La petite centaine de fanatiques de Donald Trump
Le vote décisif, obtenu grâce à l’appui ultramajoritaire des démocra