Empêtré dans des affaires de fuites d’informations militaires confidentielles, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz, devient la première figure majeure de la deuxième administration Trump à quitter son poste, 102 jours seulement après ses débuts.
Quelques heures après les révélations de médias annonçant ce départ, accompagné de celui son principal second, Alex Wong, celui-ci a été officialisé via un post de Donald Trump sur son réseau Truth Social, annonçant la nomination de Waltz au poste d’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU.
Mike Waltz apparaissait ces dernières semaines sur la sellette, pour être perçu comme un profil presque anachronique de néoconservateur interventionniste dans l’orbite d’un Trump déterminé à rebattre les cartes des alliances historiques et de relations avec des régimes autoritaires, de Moscou à Téhéran, jusque-là univoquement considérés en ennemis par Washington.
Affaire des fuites sur Signal
Mais Waltz, comme une partie du gouvernement fédéral, et notamment le ministre de la Défense, Pete Hegseth, était aussi aux prises depuis fin mars avec une affaire de fuites d’informations sur des frappes militaires sur les Houthis du Yémen, partagées par erreur sur la messagerie Signal avec Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef de The Atlantic.
«Le ministre de la Défense, Pete Hegseth, m’avait envoyé le plan d’attaque» deux heures avant que les frappes ne commencent, y compris «des informations précises sur les armes, les cibles et les horaires», avait expliqué le journaliste du prestigieux magazine. Dans son article, Goldberg explique que tout a commencé par une prise de contact le 11 mars émanant de Mike Waltz, via l’application Signal, très prisée des reporters et des responsables politiques à cause de la confidentialité qu’elle promeut.
Deux jours plus tard, le rédacteur en chef reçoit un message évoquant une «coordination» de l’action contre les Houthis, puis plusieurs autres communications. Jeffrey Goldberg explique que 18 personnes au total participent à cette boucle. On y retrouve pèle mêle le vice-président, J.D. Vance, le chef de la diplomatie, Marco Rubio, ou encore le patron de la CIA, John Ratcliffe.
«Chasse aux sorcières»
Jusqu’au 15 mars, le journaliste voit alors défiler une série de messages des plus hauts responsables du gouvernement américain, comprenant également les secrétaires à la Défense et au Trésor. Jusqu’à celui de Pete Hegseth, le 15 mars, contenant des détails sur les attaques imminentes. Le journaliste dit avoir eu, jusqu’à ce que sortent les premières informations sur les frappes bien réelles, de «très forts doutes» sur la crédibilité de ce groupe de discussion. Il ajoute : «Je n’arrivais pas à croire que le conseil à la sécurité nationale du président serait imprudent au point d’inclure le rédacteur en chef de The Atlantic» dans de telles discussions confidentielles.
Donald Trump avait initialement réagi en dénonçant une «chasse aux sorcières» et en qualifiant Jeffrey Goldberg de «tordu». Avant d’annoncer, le 24 avril, qu’il donnerait «par curiosité» une interview au rédacteur en chef «afin de voir s’il est possible pour The Atlantic d’être honnête» et d’écrire «un article équitable sur Trump».
Le président, ces derniers jours et encore lors de son discours du 1er mai, a réaffirmé à plusieurs reprises sa confiance en Pete Hegseth, pourtant mis en difficulté par d’importantes turbulences dans l’organigramme du Pentagone. Mais l’ex-présentateur de Fox News est perçu comme un loyaliste, parfaitement aligné sur la vision trumpienne, ce que s’efforçait d’apparaître Mike Waltz, sans dissiper les réserves au sein de la mouvance MAGA la plus fervente. Donald Trump a annoncé qu’en attendant de les pourvoir d’un remplaçant pérenne, ses fonctions seraient remplies par un intérim par le chef de la diplomatie Marco Rubio.
Mis à jour à 20h30 suite à l’officialisation par Donald Trump.