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Sommet

Après sa rencontre avec Poutine, Trump a débriefé les dirigeants européens et Zelensky

Les deux chefs d’Etat se sont rencontrés sur le tarmac d’une base militaire à Anchorage, en Alaska, ce vendredi 15 août. L’ambiance était cordiale mais ils n’avaient rien de concret à annoncer après trois heures de discussion.

Donald Trump et Vladimir Poutine arrivent devant la presse après trois heures de discussion. (DREW ANGERER/AFP)
Publié le 15/08/2025 à 21h14, mis à jour le 16/08/2025 à 9h06

L’heure du service après-vente. A l’issue du sommet avec Vladimir Poutine, Donald Trump a informé samedi Volodymyr Zelensky et d’autres dirigeants européens de l’issue de sa rencontre avec Vladimir Poutine, a annoncé une porte-parole de la Commission européenne. Un appel d’«un peu plus d’une heure» auquel ont aussi participé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron, Friedrich Merz, Keir Starmer et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte.

L’appel avec ces dirigeants aura-t-il été plus fructueux que la conférence de presse qui a suivi le sommet ? Après trois heures d’entretien, ce vendredi en Alaska, sur l’avenir de l’Ukraine, Donald Trump et Vladimir Poutine ont annoncé qu’il n’y avait rien à annoncer. Les présidents américains et russes se sont séparés sont sans rien dévoiler d’un possible plan de paix pour l’Ukraine, tout en multipliant les déclarations engageantes et les gestes amicaux.

«Très productive», pour Trump, «constructive» pour Poutine ont respectivement commenté les deux protagonistes à propos d’une réunion dont en réalité rien n’a filtré immédiatement. Le président américain, qui aime tant à se présenter en négociateur décisif, a assuré pendant des déclarations conjointes à la presse qu’il restait «très peu» de points à régler pour trouver une issue à la guerre déclenchée il y a plus de trois ans par l’invasion russe de l’Ukraine. Enigmatique, Trump a aouté : «L’un d’entre eux [ces points] est probablement le plus important», mais sans dire lequel. Dans une rhétorique qui n’appartient qu’à lui, il a conclu avant de redécoller pour Washington : «Nous n’y sommes pas, mais nous avons fait des progrès. Il n’y a pas d’accord jusqu’à ce qu’il y ait un accord.» En tout état de cause, il n’a pas réussi à arracher de Poutine un cessez-le-feu qu’il s’était juré d’obtenir. Lui et Vladimir Poutine ont passé, en tout et pour tout, six heures en Alaska. La discussion proprement dite a duré trois heures, alors que Poutine avait annoncé auparavant qu’elle pourrait être deux fois plus longue.

Plus tard, sur la chaîne américain Fox News, Trump en a dit un peu plus, il a estimé qu’un accord pour mettre fin à la guerre «dépendait vraiment du président» ukrainien Volodymyr Zelensky, le grand absent d’un sommet pour lequel il n’a pas réussi à imposer sa présence.

Pas de conférence de presse

Avec son homologue russe, le président américain n’avait plus le ton quelque peu bravache d’avant la rencontre, lorsqu’il menaçait de claquer la porte en cas d’impasse, ou assurait qu’avec lui Vladimir Poutine ne «ferait pas le malin». Ce dernier, sur la même tonalité engageante et cordiale, a dit espérer que «l’entente» trouvée en Alaska apportera «la paix» en Ukraine.

Les deux hommes, qui s’exprimaient devant un fond bleu portant l’inscription «Pursuing Peace» («Oeuvrer pour la paix»), avaient promis une conférence de presse. Mais ils se sont seulement serré la main après avoir fini leurs discours et sont partis sans répondre aux journalistes qui, debout, les assaillaient de questions.

Donald Trump a affirmé qu’il appellerait dans la foulée les dirigeants de pays de l’Otan ainsi que Volodymyr Zelensky, disant à propos des Ukrainiens : «En dernier ressort, cela dépend d’eux.». Il a aussi estimé qu’il pourrait revoir «très bientôt» le président russe. Ce à quoi Vladimir Poutine a réagi en lançant, en anglais, «la prochaine fois à Moscou», sur un ton badin. «J’imagine que cela pourrait arriver», lui a rétorqué l’autre duettiste d’Anchorage.

Ce sommet s’était ouvert sur un accueil chaleureux pour Vladimir Poutine, qui signe là un spectaculaire retour sur la scène internationale, alors que le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale continue. Les présidents se sont longuement salués à la descente de leurs avions respectifs avant de remonter un long tapis rouge côte à côte et de poser sous les yeux des photographes. Vladimir Poutine a ignoré un journaliste qui lui a demandé s’il allait cesser de tuer des civils. Puis les deux présidents sont montés dans la voiture présidentielle américaine.

Trump applaudit brièvement Poutine

Alors qu’était prévu un tête-à-tête entre les deux hommes, Trump était accompagné de son secrétaire d’Etat, Marco Rubio, et de son envoyé spécial, Steve Witkoff, Poutine était lui a flanqué de ses conseillers. La réunion s’est tenue sur la base aérienne d’Elmendorf-Richardson, un complexe militaire situé aux portes de la Russie et hautement stratégique.

Donald Trump a brièvement applaudi pendant que son homologue russe s’avançait vers lui sur le tarmac. Ont suivi des poignées de mains et des sourires dans une mise en scène exposant toute la puissance militaire américaine, avec des avions de combat de pointe rangés auprès du tapis rouge et survolant les deux hommes.

L’Ukraine et les Européens redoutaient par-dessus tout que ce sommet ne permette à Vladimir Poutine de manipuler son homologue américain. Volodymyr Zelensky avait déclaré «compter» sur Donald Trump pour mettre un terme au conflit. Les soldats russes «continuent à tuer le jour des négociations», avait-il déploré, tandis que l’armée ukrainienne annonçait vendredi avoir repris six villages dont des unités russes s’étaient emparées ces derniers jours, lors d’une avancée particulièrement rapide.

Le président ukrainien et les dirigeants européens attendent donc maintenant que l’imprévisible président américain les informe de la teneur de son entrevue.

La Russie réclame que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan. C’est inacceptable pour Kiev, qui veut un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat, ainsi que des garanties de sécurité futures. Des positions irréconciliables que la rencontre en Alaska était censée rapprocher.

Mise à jour le 16 août à 9 heures avec l’appel aux dirigeants européens et Volodymyr Zelensky.