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Sommet Trump-Poutine : la base aérienne d’Elmendorf-Richardson, lieu de rencontre historique et hautement stratégique

Le président américain et son homologue russe doivent s’entretenir vendredi 15 août dans le complexe militaire situé à Anchorage, en Alaska. «Libération» fait le point sur ce refuge de l’armée de l’air des Etats-Unis.
La base d'Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, en août 2025. L’immense site compte plus de 800 bâtiments, deux pistes d’atterrissage, et quelque 6 000 militaires au total y sont affectés. (Drew Angerer/AFP)
publié le 14 août 2025 à 17h47

C’est un petit bout d’Amérique aux portes de la Russie. Le lieu, situé à la limite nord de la ville d’Anchorage, plus grande ville de l’Alaska, est hautement stratégique. Refuge de l’armée de l’air américaine, la base d’Elmendorf-Richardson s’apprête à accueillir la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui doit se tenir vendredi 15 août à 21 h 30 (heure de Paris). Face à son homologue russe, le président américain a promis d’y arracher un accord de paix et obtenir un «cessez-le-feu» entre l’Ukraine et la Russie.

Pour l’organisation d’un tel sommet, les officiels américains se sont démenés. Vladimir Poutine étant visé depuis 2023 par mandat d’arrêt pour crime de guerre émis par la Cour pénale internationale, peu d’endroits convenaient à la tenue d’une telle rencontre selon CNN.

Un refuge pour l’armée américaine

Pour le président russe, les Emirats arabes unis auraient été une destination «tout à fait appropriée» pour le sommet. Niet pour Washington, qui propose finalement l’Alaska, acheté à la Russie en 1867 et rattaché à l’Union en 1959. Pas de quoi contrarier le Kremlin. «Il semble tout à fait logique que notre délégation survole simplement le détroit de Béring et qu’un sommet aussi important et attendu des dirigeants des deux pays se tienne en Alaska», a ainsi souligné l’assistant personnel de Poutine, Iouri Ouchakov.

Ce territoire américain, ancienne possession de l’empire des tsars, est uniquement séparé de la Russie par la bande de mer du détroit de Béring.

La base d’Elmendorf-Richardson est chargée d’histoire. Plus grande base militaire d’Alaska, le complexe interarmées bâti en 1940 a joué un rôle crucial dans la Seconde Guerre mondiale, refuge de l’armée américaine face aux forces japonaises dans la conquête des îles Aléoutiennes occidentales d’Attu et de Kiska. Durant la guerre froide, le site devient un point de commandement central dans l’optique de repousser les menaces de l’Union soviétique.

6 000 militaires et 25 600 hectares de superficie

En 1957, Elmendorf-Richardson est à son apogée et abrite quelque 200 avions de chasse et de nombreux systèmes de radar d’alerte pour contrôler le trafic aérien. Dans les décennies qui suivent, la présence militaire en Alaska va progressivement décliner, en partie pour redéployer des moyens vers la guerre au Vietnam. Mais la base conserve une importance stratégique majeure, surtout sur fond d’intérêt croissant pour l’Arctique.

L’immense site compte plus de 800 bâtiments, deux pistes d’atterrissage, et quelque 6 000 militaires au total y sont affectés, selon le site internet des forces aériennes du Pacifique. D’une superficie de 25 600 hectares, la base est coincée entre lacs gelés et montagnes enneigées. Sa longue piste d’atterrissage est régulièrement utilisée par le président américain ou ses ministres comme étape de ravitaillement lors de voyages officiels en Asie.

Plus de 30 000 personnes vivent sur le site, ce qui représente environ 10 % de la population d’Anchorage. En 2019, au cours de son premier mandat, Donald Trump, en visite à la base, avait salué les troupes d’Elmendorf-Richardson qui «servent dans la dernière frontière de notre pays comme première ligne de défense de l’Amérique».

Au-delà de l’intérêt logistique évident d’organiser la rencontre des présidents russe et américain sur un tel site, clos et ultra-sécurisé, le choix de cette base militaire est symbolique, selon George Beebe, ancien spécialiste de la Russie au sein de la CIA, expert au Quincy Institute for Responsible Statecraft. «Ce que fait [Donald Trump], c’est de dire que ce n’est pas la guerre froide. Nous ne rejouons pas tous ces sommets de la guerre froide qui se sont tenus dans des pays neutres, en Autriche, en Suisse et en Finlande. Nous entrons dans une nouvelle ère.»