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Réactions

«Soutien indéfectible», «Lula n’est pas seul» : les émeutes de Brasília indignent à l’international

Élection présidentielle brésilienne 2022dossier
L’invasion dimanche du Congrès, de la Cour suprême et du Palais présidentiel de Planalto par des centaines de bolsonaristes a suscité de nombreuses réactions de chefs d’Etat étrangers.
Des partisans de Jair Bolsonaro devant le palais présidentiel du Planalto, dimanche à Brasília. (Ueslei Marcelino/REUTERS)
par Jade Sauvée
publié le 9 janvier 2023 à 16h28

Après l’invasion, dimanche à Brasília, des principaux lieux de pouvoirs – le Congrès, la Cour suprême et le palais présidentiel du Planalto – par des centaines de partisans de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro, les réactions internationales n’ont pas tardé à condamner le chaos semé sur la place des Trois pouvoirs.

Au Brésil d’abord, Luiz Inácio Lula da Silva, le président élu le 30 octobre et fraîchement investi, condamne depuis Araraquara, dans l’Etat de São Paulo, le déferlement «sans précédent» de «vandales fascistes». «Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis, a-t-il déclaré. La démocratie garantit la liberté d’expression, mais elle exige aussi que les institutions soient respectées.» Bolsonaro, qui se trouve aux Etats-Unis, a quant à lui estimé sur Twitter que «les déprédations et invasions de bâtiments publics […] sont contraires à la règle» concernant les «manifestations pacifiques». Dans un autre tweet, l’ex-président a cependant «rejeté les accusations, sans preuve» de son successeur Lula.

«Le respect du droit démocratique est primordial»

Le président français, Emmanuel Macron, n’a pas tardé à tweeter dimanche dans la soirée en appelant «au respect des institutions démocratiques» : «La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées ! Le président Lula peut compter sur le soutien indéfectible de la France.»

Aux Etats-Unis, où l’invasion fait écho à l’invasion du Capitole par les trumpistes le 6 janvier 2021, Joe Biden, en emboîtant le pas du conseiller de la Maison Blanche Jake Sullivan, a jugé «scandaleuses» les violences des manifestants bolsonaristes. Du côté des conservateurs, l’ancien conseiller stratégique de Donald Trump, Steve Bannon, a continué dimanche, comme depuis le 30 octobre, sur le réseau ultraconservateur Gettr, à ne pas reconnaître les résultats de l’élection présidentielle : «Lula a volé les élections… Les Brésiliens le savent.»

Le Canada, la Chine, l’Allemagne ont tous «fermement condamné» ces attaques jugées antidémocratiques. Sur Twitter, Justin Trudeau, Premier ministre canadien, a parlé d’«actes violents» inadmissibles. «Le respect du droit démocratique des gens est primordial dans toute démocratie – y compris au Brésil», a-t-il souligné. «Nos institutions démocratiques sont au cœur de nos sociétés et elles doivent être protégées», complète le ministère des Affaires étrangères canadien.

Un «coup d’Etat» dénoncé

La Chine «soutient les mesures prises par le gouvernement brésilien pour calmer la situation, rétablir l’ordre social et préserver la stabilité nationale», a précisé Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Le Venezuela ainsi que la Bolivie déplorent l’attitude de «ceux qui tentent d’ignorer les résultats des élections démocratiques.» «Les fascistes chercheront toujours à prendre par la force ce qu’ils n’ont pas obtenu dans les urnes», a déclaré sur Twitter le président bolivien Luis Arce. Et le Kremlin n’est pas en reste, en faisant savoir, par la bouche de son porte-parole Dmitri Peskov, que la Russie condamne «de la manière la plus ferme les actions des instigateurs des troubles et [soutient] pleinement le président brésilien Lula da Silva».

Sur le continent même, le Mexique et l’Argentine qualifient ces actes de «tentatives de coup d’Etat». «Lula peut compter sur le peuple argentin», a tweeté le président argentin Alberto Fernandez, tout comme son homologue mexicain Andrés Manuel López Obrador, qui a déclaré : «Lula n’est pas seul.»