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Libération
#MeToo

Tensions entre jurés dans l’affaire Weinstein : l’ombre de l’annulation du procès

L’ancien patron de Miramax avait vu le premier jugement pour viol et agression sexuelle cassé par la cour d’appel de New York l’an dernier. Après deux mois d’une nouvelle procédure, le juge pourrait faire face à une situation de «jury bloqué».
Harvey Weinstein au tribunal de New York, lundi 9 juin. (Steven Hirsch/AP)
publié le 9 juin 2025 à 19h41

Un procès pour rien ? Des tensions sont apparues lundi après deux mois d’audience parmi les jurés chargés de se pencher une nouvelle fois sur le cas de l’ancien producteur roi du cinéma Harvey Weinstein, poursuivi pour agressions sexuelles et viol. Le premier procès avait été annulé l’an dernier par la cour d’appel de New York pour des vices de procédure. Celui-ci pourrait l’être à cause d’un blocage du verdict.

Lorsque les délibérations ont repris lundi matin au tribunal de New York, le juge Curtis Farber a donné lecture de deux notes que lui ont fait parvenir les douze jurés réunis à huis clos : dans la première, un juré fait part de son besoin «de parler» avec le juge de «la situation qui ne va pas très bien» ; dans la seconde, les jurés demandent au juge de leur rappeler «l’entière définition du doute raisonnable» et les conditions d’un verdict, de culpabilité ou d’innocence, «en particulier pour éviter un jury bloqué». Le constat d’un jury bloqué survient quand le juge doit prendre acte qu’après plusieurs jours de délibérations, les jurés ne parviennent pas à se mettre d’accord à l’unanimité. Dans ce cas, le procès est annulé et doit être réorganisé.

Vendredi, au deuxième jour des délibérations, un autre juré avait demandé à être démis de ses obligations après s’être plaint du comportement de certains de ses comparses. Mais le juge avait catégoriquement refusé, trouvant normal que «ça puisse parfois chauffer» dans le huis clos des délibérations.

Chaise roulante

Les conciliabules se sont multipliés entre le juge, la défense et les procureurs, dans la salle d’audience vétuste de la cour pénale de Manhattan, sous l’œil de Harvey Weinstein, assis sur une chaise roulante en raison de multiples problèmes de santé, et qui reste impassible.

Le jury doit décider à l’unanimité si l’ancien puissant producteur, accusé depuis 2017 par des dizaines de femmes d’être un prédateur sexuel, s’est rendu coupable d’agressions sur l’ancienne assistante de production Miriam Haley en 2006 et sur l’ex-mannequin Kaja Sokola la même année en les forçant à subir un cunnilingus, et de viol en 2013 sur l’aspirante actrice Jessica Mann.

Le fondateur des studios Miramax, producteur de films culte comme Pulp Fiction et d’innombrables succès (Sexes, Mensonges et Vidéo, Shakespeare in Love), avait été condamné en 2020 à vingt-trois ans de prison pour les faits concernant Miriam Haley et Jessica Mann, lors d’un procès retentissant qui symbolisait à l’époque une victoire pour le mouvement #MeToo. Mais l’année dernière, la cour d’appel de New York avait annulé tout le procès, parce que d’autres victimes présumées avaient pu témoigner lors des débats et raconter des agressions pour lesquelles Harvey Weinstein n’était pas inculpé. Le procès s’est donc rejoué depuis mi-avril devant la cour pénale de Manhattan. Il a aussi porté sur l’agression sexuelle présumée contre Kaja Sokola, en 2006, des faits jugés pour la première fois au pénal. Harvey Weinstein comparaît détenu car il a aussi été condamné en Californie pour crimes sexuels.