Jackpot pour l’info qui dépote. Les Etats-Unis ont annoncé le 7 août avoir doublé à 50 millions de dollars (environ 43 millions d’euros) la prime pour l’arrestation du président vénézuélien, Nicolás Maduro. La ministre américaine de la Justice, Pam Bondi, a précisé sur X que la récompense, de 25 millions de dollars initialement, vaudrait pour «pour toute information conduisant à l’interpellation de Nicolás Maduro». Washington, qui ne reconnaît pas la réélection en 2024 de ce dernier, l’a inculpé en 2020 pour trafic de drogues.
«C’est la prime la plus importante de notre histoire et le double du montant offert pour Oussama ben Laden», a écrit à son tour sur X le numéro 2 de la diplomatie américaine, Christopher Landau. Pour sa part, Caracas n’a pas tardé à répondre et à qualifier de «pathétique» cette décision du gouvernement de Donald Trump. «Nous rejetons cette grossière opération de propagande politique», a affirmé dans un communiqué le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Yván Gil. «Pendant que nous démantelons les complots terroristes orchestrés depuis son pays, cette dame sort avec un cirque médiatique pour plaire à l’extrême droite vaincue du Venezuela», a-t-il aussi répondu jeudi à Pam Bondi.
Election non reconnue
Le 10 janvier, dix jours avant l’investiture du président Donald Trump, le gouvernement du démocrate Joe Biden avait dénoncé le «simulacre» et le caractère «illégitime» de l’investiture de Nicolás Maduro, réélu six mois plus tôt à un troisième mandat, pour six ans. Le secrétaire d’Etat d’alors, Antony Blinken, et le Trésor américain avaient imposé de nouvelles sanctions à Caracas, portant de 15 à 25 millions de dollars la récompense pour toute information permettant de traduire en justice le dirigeant vénézuélien.
Washington estimait que Nicolás «Maduro [avait] clairement perdu l’élection présidentielle de 2024 et [n’avait] pas le droit de prétendre à la présidence». Le successeur d’Antony Blinken, le républicain Marco Rubio, a repris jeudi les mêmes accusations. «Depuis 2020, Nicolás Maduro a étranglé la démocratie et s’est accroché au pouvoir au Venezuela», a déclaré le chef de la diplomatie américaine dans un communiqué. Le président vénézuélien, fort du soutien de l’armée et d’une administration aux ordres, avait prêté serment pour un troisième mandat de six ans lors d’une cérémonie qualifiée de «coup d’Etat» par l’opposition, qui revendique la victoire à la présidentielle.
Maduro accusé d’être à la tête d’un cartel
Le parquet fédéral américain, qui a déjà fait condamner ces dernières années plusieurs anciens dirigeants d’Amérique latine, accuse Nicolás Maduro d’être derrière un cartel qui aurait envoyé des centaines de tonnes de drogues aux Etats-Unis. Les autorités américaines soupçonnent le cartel d’avoir travaillé main dans la main avec l’organisation colombienne des Farc, les Forces armées révolutionnaires de Colombie, que Washington considère comme «terroriste».
La ministre de la Justice a enfin accusé Nicolás Maduro d’avoir collaboré avec le gang criminel vénézuélien Tren de Aragua et le cartel mexicain Sinaloa. Le président républicain américain, qui veut évincer son homologue du pouvoir et asphyxier économiquement le Venezuela, a notamment durci l’embargo pétrolier. Mais il a aussi autorisé le géant pétrolier Chevron à opérer de manière limitée au Venezuela et négocié la libération d’Américains détenus dans le pays. Le gouvernement de Nicolás Maduro dénonce, lui, de longue date une ingérence des Etats-Unis dans les affaires vénézuéliennes.