Le souvenir de l’attentat contre Ronald Reagan en 1981 était sur toutes les lèvres dans les minutes suivant la tentative d’assassinat contre Donald Trump, samedi 13 juillet au soir. Et a refait surface ce dimanche, suite à ce qui semble être une nouvelle tentative d’attenter aux jours de l’ancien président américain. Mais l’accalmie des violences politiques n’a pas été si longue. On oublie que George W. Bush, en 2005, avait frôlé la mort lors d’une visite officielle à Tbilissi, en Géorgie, quand un assaillant avait lancé une grenade vers la tribune où il se tenait en compagnie du président Saakachvili. Un mouchoir enroulé autour de l’arme afin de la dissimuler avait par miracle empêché le levier du détonateur de se relever, évitant ainsi l’explosion.
Donald Trump est maintenant, parmi les 46 présidents des Etats-Unis, le 11e à avoir subi une tentative d’assassinat. Quatre d’entre eux sont morts pendant leur mandature mais l’histoire américaine dénombre 16 tentatives comme celle-ci, manquées ou réussies, contre des présidents en exercice et des candidats.
En 1835, le président Andrew Jackson avait trompé la mort quand les deux pistolets de Richard Lawrence, un forcené persuadé que le président l’avait ruiné, s’étaient enrayés. Abraham Lincoln avait échappé à un complot en 1861, lors d’une visite à Baltimore, et essuyé des tirs directs en 1864 avant de succomber un an plus tard sous les balles de John Wilkes Booth durant un spectacle au théâtre Ford de Washington.
L’assassinat de Kennedy dans toutes les têtes
Le 2 juillet 1881, c’était au tour du républicain James A. Garfield d’être la cible d’un tireur. Touché de deux balles tirées par un dénommé Charles Guiteau, membre d’une faction hostile au parti, le président est mort en septembre, ravagé par une infection due à des soins inadéquats. En 1901, l’anarchiste Leon Czolgosz blesse grièvement le président William McKinley lors de sa visite de l’exposition américaine de Buffalo. McKinley décède quelques jours plus tard. Le candidat Theodore Roosevelt, lors d’une campagne à Milwaukee en octobre 1912, est blessé d’une balle en pleine poitrine tirée par un homme atteint de démence.
Vingt ans s’écoulent avant la tentative d’assassinat suivante, à l’encontre de Franklin Roosevelt, trois semaines avant sa cérémonie d’investiture. Le 15 février 1933, le président-élu prononce un discours à Miami quand Giuseppe Zangara, un maçon au chômage mu par «la haine des rois et des capitalistes» et très probablement psychotique, le prend pour cible et le manque, tuant le maire de Chicago Anton Cermak, qui se tenait au côté de Roosevelt. Zangara, après avoir plaidé coupable, est exécuté sur la chaise électrique le 20 mars 1933, à peine plus d’un mois après son crime.
En 1950, deux indépendantistes portoricains criblent de balles la façade de la Blair House, à Washington, ou séjourne le président Truman, tuant un policier et en blessant deux autres. L’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy à Dallas, le 22 novembre 1963, a marqué à jamais les esprits, comme celui de son frère Robert, candidat à l’investiture démocrate, abattu en 1968 à Los Angeles par Sirhan Sirhan. Le cycle de violence reprend en 1972, avec l’attentat contre le gouverneur d’Alabama et candidat ségrégationniste George Wallace, commis par Arthur Bremer, qui laissera sa victime partiellement paralysée.
Gerald Ford visé deux fois dans le même mois
Le record de tentatives d’assassinat revenait, jusqu’à ce dimanche, au président Gerald Ford, qui échappe à la mort deux fois durant le même mois de septembre 1975, visé à deux reprises par des femmes. Lynette Fromme, la première, appartient à la secte de Charles Manson. Sara Jane Moore, elle, est mue par des ambitions révolutionnaires, et envisage un acte qui assurerait «un soulèvement et contribuerait au changement».
Le 30 mars 1981, John Hinckley, dans l’espoir d’attirer l’attention de son idole, la jeune actrice Jodie Foster, attend la sortie de Ronald Reagan lors d’un événement au Hilton de Washington, et vide son chargeur sur le président et son entourage. Reagan est grièvement blessé par le ricochet d’une balle sur la portière ouverte de la voiture blindée où ses gardes du corps le poussent. Son directeur de la communication, James Brady, reçoit une balle en pleine tête et restera handicapé. John Hinckley est déclaré non coupable au procès, en raison de ses troubles mentaux, et interné jusqu’en 2016 dans un hôpital psychiatrique. Il a été libéré en 2022 de l’obligation de suivi judiciaire, au motif qu’il ne constitue plus un danger pour la société.
Bill Clinton, lui aussi, échappe à un attentat en 1994, quand un ancien militaire nommé Francisco Duran, animé par la haine du gouvernement, ouvre le feu sur la façade de la Maison Blanche. Au procès fédéral, Duran n’obtiendra pas l’excuse d’irresponsabilité, en dépit des doutes sur sa santé mentale, et purge toujours une peine de 40 ans de prison.
Les attaques du 13 juillet et du 15 septembre contre Donald Trump s’inscrivent donc dans la longue tradition de violence de la vie politique américaine. En 2011, Gabrielle Giffords, représentante démocrate de l’Arizona au Congrès, a été prise pour cible lors d’une rencontre avec ses électeurs dans la rue, et souffre toujours de dommages cérébraux depuis l’attentat. En 2017, le républicain Steve Scalise, représentant de Louisiane, a été grièvement blessé par balle lors d’un match de baseball. Et l’assaut du Congrès, le 6 janvier 2021, a attisé la rhétorique belliqueuse dans un pays plus divisé que jamais.
Mise à jour : lundi 16 septembre avec la mention de la nouvelle tentative d’assassinat contre Donald Trump.