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Libération
Qui sème le vent…

Tesla : les ventes mondiales chutent de 13 % au premier trimestre 2025

Le rapprochement politique entre le patron du constructeur automobile, Elon Musk, et le président américain, Donald Trump, fait souffrir la marque à l’international. Outre le vandalisme, les appels au boycott semblent faire effet.
De la peinture recouvre la façade d'un concessionnaire Tesla, lors d'une manifestation contre Elon Musk, à Berlin, le 31 mars 2025. (Christian Mang/REUTERS)
publié le 2 avril 2025 à 18h31

Sa politisation lui porte préjudice. Le milliardaire Elon Musk, propriétaire de la société Tesla, spécialiste des véhicules électriques, a récolté les premiers fruits ce mercredi 2 avril de son engagement politique auprès de Donald Trump. Les ventes mondiales de son entreprise ont baissé de 13 % au premier trimestre 2025 par rapport à 2024, pour se situer à un niveau bien inférieur aux prévisions des analystes. Depuis son arrivée à la tête du «Département de l’efficacité» (Doge) de l’administration Trump et la mise en place de sa purge fédérale ayant fait des dizaines de milliers de licenciements dans le pays, Elon Musk voit sa marque être régulièrement prise à partie. Entre vandalisme, appels au boycott et manifestations, le constructeur automobile souffre aux Etats-Unis comme à l’international.

Et cela se ressent dans les chiffres : sur les trois premiers mois de l’année, Tesla a remis 336 681 véhicules à leurs propriétaires contre 386 810 lors de la même période en 2024. Les analystes du fonds Wedbush Securities avaient tablé sur une fourchette de 355 000 à 360 000 ventes, rappelant que le marché prévoyait encore plus de 400 000 voitures achetées en début d’année, avant sa prise de fonction. Ceux de Deutsche Bank, le plus important établissement allemand, s’attendaient à des ventes de 340 000 à 350 000 unités, après avoir revu à la baisse leur prévision initiale de 378 000.

Pas de nouveau modèle

La marque essuie également un manque de rafraîchissement de sa gamme. Le dernier véhicule grand public, le Model Y, est sorti en 2020. Et les ventes du pick-up Cybertruck, commercialisé fin 2023, n’ont pas répondu aux attentes du marché. Tesla ne donne aucun chiffre mais, après un rappel le 20 mars de tous ces véhicules en circulation, il ressort qu’un peu plus de 46 000 exemplaires seulement sont sur les routes.

Vers 15 h 20, heure française ce mercredi, l’action de Tesla chutait de 5,16 % à la Bourse de New York à 256 dollars, après un record à plus de 480 dollars en décembre, quelques semaines après l’élection du tribun républicain qui avait affolé les cours américains. Avant de se reprendre et remonter à +3,48 % quand le site Politico a évoqué le possible départ de Musk de l’administration Trump. Depuis janvier, le cours de Tesla a tout de même chuté de près de 37 %.

Dans une interview au magazine Newsweek, Ross Gerber, patron de la société d’investissement Gerber Kawasaki et détenteur de 250 000 actions chez Tesla, n’y est pas allé par quatre chemins. A la question : faut-il qu’Elon Musk quitte le conseil d’administration, il a répondu : «Absolument.» Pour Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, ces chiffres trimestriels «sont un désastre total» et illustrent les «dégâts que Musk cause à la marque», a-t-il relevé. «Le temps est venu pour Musk… Il se trouve à un carrefour». «Plus il se politise avec le Doge, plus la marque souffre, cela ne fait aucun doute», a-t-il poursuivi, parlant d’un «moment de vérité pour Musk». «Musk doit arrêter cette tempête politique et trouver l’équilibre entre son rôle de patron de Tesla et le Doge», a considéré Dan Ives.

Concurrencé par la Chine

Le groupe ne publie pas de répartition géographique mais les données émanant d’autorités locales montrent un effondrement des ventes de Tesla depuis plusieurs mois dans de nombreux pays, en particulier en Europe de l’Ouest. Pour le seul mois de mars, elles ont chuté de 36,8 % en France et de 63,9 % en Suède. Elles sont tombées de 56 % au Danemark au premier trimestre.

Les chiffres de janvier et février étaient déjà sans appel : les immatriculations de Tesla avaient été presque divisées par deux sur un an dans l’Union européenne, retombant à 19 046 véhicules et 1,1 % de part de marché, selon les chiffres des constructeurs. Tesla est également à la peine en Chine, un marché crucial pour la marque. C’est aussi de Chine qu’est originaire le constructeur BYD, son plus grand concurrent, qui a vendu 1,76 million de véhicules 100 % électriques en 2024 (+12 % sur un an) dans le monde quand Tesla en a écoulé 1,79 million.

Du côté de la production de Tesla, la comparaison sur un an ne lui est pas favorable non plus : seulement 362 615 véhicules sont sortis des usines d’Elon Musk entre janvier et mars, contre 433 371 au premier trimestre 2024. «La baisse des volumes est due en partie aux premières étapes de la montée en puissance de la production de la nouvelle version de la Model 3 à notre usine de Fremont et à des fermetures d’usines à cause des contournements maritimes causés par le conflit en mer Rouge et l’incendie volontaire à l’usine de Berlin», a expliqué la société sur son site internet. Un incendie volontaire en mars 2024 a arrêté la production de l’usine allemande, où Elon Musk est très critiqué notamment pour son soutien au parti d’extrême droite lors des élections législatives.