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Libération
Sur les radars

Trafic de cocaïne : un narco sous-marin «autonome» repéré pour la première fois, en Colombie

La marine colombienne a annoncé mercredi 2 juillet au soir la saisie inédite d’un engin sans pilote, équipé d’une antenne Starlink, et capable de transporter 1,5 tonne de drogue.
Une photo diffusée mercredi 2 juillet 2025 par la marine colombienne de l'arraisonnement du semi-submersible. (Colombian Navy/AFP)
publié le 3 juillet 2025 à 8h44

On savait déjà que les narcotrafiquants utilisent depuis quelques années des flottilles de sous-marins pour la contrebande de la cocaïne vers les États-Unis et l’Europe. Mais c’est la première fois qu’un engin autonome et téléguidé est repéré. La marine colombienne a annoncé mercredi 2 juillet au soir la saisie inédite d’un semi-submersible sans pilote, une embarcation équipée d’une antenne Starlink et capable de transporter 1,5 tonne de cocaïne.

Selon la marine, le navire saisi près de la ville de Santa Marta (nord) appartenait au Clan del Golfo, le plus puissant cartel du pays. Il ne transportait pas de drogue mais selon les autorités, il s’agissait vraisemblablement d’un test mené par le groupe de narcos. La Colombie est le plus grand producteur de cocaïne du monde.

Ces navires sont construits dans des chantiers navals clandestins en pleine jungle. Le semi-submersible était équipé d’une technologie conçue «pour éviter les radars», a expliqué l’amiral Juan Ricardo Rozo, le commandant de la marine, en présentant à la presse les résultats d’une opération internationale, baptisée «Orion». Cette découverte démontre l’utilisation par des groupes criminels de «systèmes plus sophistiqués», qui sont «un défi croissant à la sécurité maritime internationale», a souligné le gradé colombien.

Des images partagées par la marine montrent un semi-submersible gris avec une antenne satellite installée à sa proue. Une porte-parole de la marine a confirmé que l’antenne provenait du fournisseur d’internet par satellite Starlink, propriété d’Elon Musk.

Les puissants cartels mexicains, qui opèrent en Colombie, «ont engagé des experts en technologie et des ingénieurs pour développer un sous-marin sans pilote» dès 2017, a souligné auprès de l’AFP Juana Cabezas, chercheuse à l’Institut des Études pour le Développement et la Paix en Colombie (Indepaz). «Leur idée était qu’il puisse […] traverser le Pacifique et ensuite décharger automatiquement la drogue afin que les gens puissent la récupérer et la transférer sur d’autres sous-marins sans pilote».

Les semi-submersibles autonomes, qui généralement ne peuvent pas plonger complètement sous l’eau mais sont partiellement immergés, compliquent les efforts des autorités pour identifier les barons de la drogue responsables des expéditions de cocaïne.

«Nouvelles méthodes de contrebande»

Un nombre presque record de narco sous-marins a été intercepté dans l’Atlantique et le Pacifique en 2024, selon le groupe de réflexion Insight Crime basé aux États-Unis. En novembre 2024, cinq tonnes de cocaïne colombienne ont été découvertes sur un semi-submersible en route vers l’Australie.

«Le fait que cette saisie semble avoir été une «phase de test», sans cocaïne à bord, démontre la volonté des trafiquants d’investir dans la recherche et le développement pour de nouvelles méthodes de contrebande», a relevé auprès de l’AFP Henry Shuldiner, chercheur au sein de InSight Crime.