Mercredi 24 septembre, les autorités argentines retrouvaient les corps de Morena Verdi et Brenda del Castillo, deux cousines âgées de 20 ans, et de Lara Gutiérrez, 15 ans. Les dépouilles avaient été enterrées près d’une maison dans la grande banlieue sud de Buenos Aires, après une séance de torture diffusée en direct sur un compte fermé sur les réseaux sociaux. Ce mardi 1er octobre, la ministre argentine de la Sécurité a annoncé sur X «la capture des deux fugitifs [suspectés] du triple crime» par la police péruvienne. Parmi eux, le commanditaire présumé, Tony Janzen Valverde surnommé «Petit J». L’arrestation intervient alors que des milliers de personnes manifestaient samedi dans la capitale argentine pour réclamer la justice.
Critique
Microtrafic et tueur à gages
Agé d’environ 20 ans, ce Péruvien est soupçonné d’être un narcotrafiquant qui menait ses activités criminelles depuis Zavaleta, un quartier précaire au sud de Buenos Aires. Un mandat d’arrêt international avait été émis à son encontre. A Lima, devant la presse, le directeur des enquêtes criminelles de la police péruvienne a expliqué aux journalistes que «Petit J» était entré au Pérou depuis l’Argentine en passant par la Bolivie et qu’il avait pour destination la ville de Trujillo, à 560 kilomètres au nord de la capitale péruvienne.
La police a expliqué l’avoir localisé grâce à des «outils technologiques» près de Chilca, à 75 kilomètres au sud de Lima, «à bord d’un camion transportant du poisson». «Mais c’est à l’intérieur de la cabine, sur le siège arrière, que «Petit J» a été retrouvé», a précisé le directeur de l’enquête. Il a également indiqué que le suspect n’avait pas de casier judiciaire au Pérou, mais que selon les autorités argentines, il se livrait depuis deux ans à des «activités de tueur à gages» et de «microtrafic de cocaïne», et que son père a été assassiné en 2018.
L’autre suspect arrêté au Pérou est Matias Ozorio. Agé de 23 ans, il serait le bras droit de «Petit J», selon les médias locaux citant des sources proches de l’enquête. Au total, neuf personnes ont jusqu’à présent été arrêtées dans cette affaire.
Des victimes piégées par «des mauvaises personnes qui profitent des femmes»
Les deux suspects auraient apparemment utilisé ce triple crime pour faire passer un message d’intimidation auprès des membres du cartel. Selon le ministre de la Sécurité de la province de Buenos Aires, les trois victimes ont été piégées : croyant se rendre à une fête, elles ont subi une séance de torture avant d’être tuées. Selon l’enquête, 45 personnes ont assisté aux sévices, diffusés sur un groupe privé sur les réseaux sociaux. Les trois femmes, dont l’une était mère d’un enfant d’un an, vivaient dans un quartier défavorisé en banlieue de la capitale argentine.
Vu de Buenos Aires
Pour le cousin des deux victimes de 20 ans, ce triple féminicide est lié à leur condition sociale. «Beaucoup de préjugés dans la société montrent du doigt le travail qu’elles faisaient», a-t-il déploré en référence au fait qu’elles se prostituaient. «Mais elles ont seulement été victimes d’un système qui ne leur laissait d’autre choix que d’accéder à “ce type de travail” pour survivre» et ont eu la «malchance» de «se trouver au mauvais moment avec les mauvaises personnes» qui «profitent des femmes», a lancé l’homme de 26 ans.
Lors de la manifestation de samedi, à Buenos Aires, à l’appel de l’influente organisation féministe «Ni una menos» («Pas une de moins»), qui lutte contre les violences de genre, le père de l’une des victimes avait dit de pas avoir «pu reconnaître» le corps de sa fille, en raison des sévices subis, avant d’appeler à «protéger les femmes».