La bromance entre Donald Trump et Vladimir Poutine s’étiole de jour en jour. «Si vous voulez la vérité, Poutine nous raconte beaucoup de conneries, a lâché mardi 8 juillet le président américain devant la presse à la Maison Blanche. Il est tout le temps très gentil mais cela ne veut rien dire.» La grossièreté du milliardaire reflète sa frustration croissante à l’égard de son homologue russe et d’une guerre déclenchée il y a près de trois ans et à laquelle il souhaite mettre un terme.
Tensions
En représailles au blocage russe, Trump a assuré «étudier de très près» une proposition de loi du Sénat visant à imposer de nouvelles sanctions à la Russie après avoir évité ces six derniers mois d’y recourir tandis qu’il tentait de persuader Poutine de mettre fin au conflit en Ukraine.
Lundi, le président américain avait promis la fourniture de matériel militaire supplémentaire aux Ukrainiens, «frappés de manière très, très dure», quelques jours après l’annonce d’une suspension de certaines livraisons américaines dans ce domaine. «Nous allons devoir envoyer plus d’armes, principalement des armes défensives», avait-il alors lancé, se déclarant «mécontent» de l’attitude du chef de l’Etat russe.
«Il est évident que ces actions ne s’inscrivent probablement pas dans le cadre des efforts visant à promouvoir un règlement pacifique» du conflit en Ukraine, a réagi mardi le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov. Elles «visent clairement à favoriser par tous les moyens la poursuite des hostilités», a-t-il ajouté, évoquant une ligne «choisie par les Européens», sans citer Donald Trump pour autant.
L’Europe n’abandonnera «jamais l’Ukraine»
Vendredi, ce dernier s’était déjà dit «très mécontent» d’une conversation téléphonique organisée la veille avec Vladimir Poutine. «Il veut aller jusqu’au bout, juste continuer de tuer des gens, ce n’est pas bien», avait-il accusé. Le locataire de la Maison Blanche s’était rapproché dès son retour au pouvoir, en janvier, du chef du Kremlin, mettant la pression pour obtenir un arrêt des combats, sans toutefois parvenir à des progrès concrets.
De son côté, le chef de l’Etat ukrainien, Volodymyr Zelensky, a dit avoir «chargé» son ministre de la Défense et le chef d’état-major de l’armée d’«intensifier tous les contacts avec la partie américaine» au sujet de la livraison de systèmes de défense antiaérienne, après que Donald Trump eut annoncé la veille que davantage d’armes allaient être envoyées à Kyiv. «Nous disposons désormais des déclarations et des décisions politiques nécessaires, qui doivent être mises en œuvre dès que possible afin de protéger notre population et nos positions. Cela concerne en premier lieu la défense antiaérienne», a poursuivi l’homme d’Etat ukrainien dans son allocution quotidienne.
Reportage
En visite à Londres, le président français Emmanuel Macron a assuré le même jour que les Européens n’abandonneraient «jamais l’Ukraine» et se battraient «jusqu’à la dernière minute afin d’obtenir un cessez-le-feu, pour entamer les négociations afin de construire cette paix solide et durable».
De façon inattendue, début juillet, le gouvernement américain a déclaré avoir cessé de fournir certaines armes aux Ukrainiens, officiellement en raison d’inquiétudes sur une baisse des stocks de munitions des Etats-Unis. Des responsables américains se sont depuis efforcés de relativiser l’impact de cette mesure, sans donner plus de détails.
Négociations au point mort
Donald Trump n’a pas annoncé de nouvelles aides à l’Ukraine depuis janvier alors que, sous son prédécesseur Joe Biden, Washington s’était engagé à fournir pour plus de 65 milliards de dollars d’aide militaire à ce pays. La diplomatie est par ailleurs au point mort entre les belligérants. Deux cycles de pourparlers entre Russes et Ukrainiens en Turquie le 16 mai et le 2 juin n’ont pas abouti à une percée majeure.
Frappes
Vladimir Poutine maintient toujours ses demandes maximalistes, en particulier que soient cédées à la Russie les régions ukrainiennes annexées et que l’Ukraine renonce à rejoindre l’Otan. Des conditions jugées inacceptables par Kyiv et ses alliés occidentaux. Les Ukrainiens, pour leur part, exigent que les Russes se retirent entièrement de leur territoire, occupé à hauteur d’environ 20 %.
Sur le terrain, Moscou a revendiqué lundi la prise d’un village dans la région de Dnipropetrovsk, située dans le centre-est de l’Ukraine et à 70 km de la ville de Donetsk sous contrôle russe - une première depuis février 2022, date du début de l’invasion. Kyiv n’a pas réagi à cette annonce pour l’instant. Lundi, l’état-major de l’armée ukrainienne avait assuré que des assauts russes avaient été repoussés la veille dans les environs de cette localité. Pour Oleksiï Kopytko, un expert militaire ukrainien, la Russie n’a toutefois «pas et n’aura pas les ressources nécessaires pour avancer rapidement».