Actions contre le narcotrafic ou coups d’Etat ? Mercredi 16 octobre, le président américain Donald Trump a indiqué avoir autorisé des actions clandestines de la CIA contre le Venezuela et envisagé des frappes sur le territoire. Il a toutefois refusé de commenter en détail les informations du New York Times selon lesquelles il aurait secrètement autorisé l’agence de renseignement à mener une action clandestine contre le président vénézuélien, Nicolas Maduro. «Mais j’ai donné une autorisation pour deux raisons vraiment», a-t-il dit avant d’énumérer des arguments contre le chef d’Etat qu’il accuse de diriger un régime «narcoterroriste» et de libérer des prisonniers pour les envoyer aux Etats-Unis.
Lorsqu’on lui a demandé s’il avait donné à la CIA l’autorisation de «neutraliser» le dirigeant vénézuélien, Donald Trump n’a pas apporté de réponse claire : «C’est une question ridicule qu’on me pose là. Enfin, ce n’est pas vraiment une question ridicule, mais ne serait-ce pas ridicule de ma part d’y répondre ?» a-t-il observé.
Opérations maritimes et terrestres
L’administration Trump a récemment frappé en mer au moins cinq embarcations présentées comme celles de narcotrafiquants dans les eaux internationales, pour un bilan d’au moins 27 morts. Au mois d’août, il avait déployé huit navires de guerre et un sous-marin à propulsion nucléaire au large des côtes du Venezuela, dans le cadre de son opération présentée comme visant le trafic de drogue.
Tensions
Mercredi, la police de Trinité-et-Tobago, dans les Caraïbes, a indiqué à l’AFP enquêter sur la possibilité que deux ressortissants trinidadiens figurent parmi les six personnes tuées lors de la dernière frappe américaine annoncée mardi par Donald Trump. Les autorités avaient été alertées par des habitants du village de pêcheurs de Las Cuevas, dans le nord de l’île de Trinité, de la présence présumée de deux Trinidadiens sur l’embarcation.
Interrogé par un journaliste sur la possibilité de frappes terrestres contre le Venezuela en parallèle des attaques maritimes, Donald Trump a déclaré : «Je ne veux pas vous en dire plus, mais nous regardons du côté du sol à présent, car nous contrôlons très bien la mer».
«Grave violation du droit international»
De son côté, Caracas dément vigoureusement les accusations de Donald Trump envers le président vénézuélien et son gouvernement qu’il accuse d’être à la tête d’une vaste organisation de trafic de drogue vers les Etats-Unis. En réponse au déploiement américain, le Venezuela a lancé des exercices militaires et la mobilisation de réservistes.
«Non à la guerre dans les Caraïbes» a lancé Nicolas Maduro dans un discours mercredi. «Non au changement de régime qui nous rappelle tant les guerres éternelles ratées d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak […]. Non aux coups d’Etat fomentés par la CIA», a-t-il poursuivi. Des coups «qui nous rappellent les 30 000 disparus causés par la CIA lors des coups d’Etat en Argentine. Le coup d’Etat de Pinochet et les 5 000 jeunes assassinés et disparus. Jusqu’à quand les coups d’Etat de la CIA ? L’Amérique latine ne les veut pas, n’en a pas besoin et les rejette», a-t-il encore accusé devant le Conseil national pour la souveraineté et la paix, organe créé en septembre spécialement pour cette crise.
Selon le ministère des Affaires étrangères, les Etats-Unis «admettent publiquement avoir autorisé des opérations visant à agir contre la paix et la stabilité du Venezuela. Cette affirmation sans précédent constitue une grave violation du droit international». Le communiqué témoigne d’une «extrême inquiétude» quant à «l’utilisation de la CIA, ainsi que les déploiements militaires annoncés dans les Caraïbes, qui configurent une politique d’agression, de menace et de harcèlement contre le Venezuela».
Plus tôt dans la journée ce mercredi, le président Maduro avait poursuivi un programme de manœuvres militaires à travers le pays, ordonnant notamment un déploiement de forces à la frontière avec la Colombie, dans les Etats de Tachira, Apure et Amazonas. C’est justement par cette zone très poreuse que transite une partie de la cocaïne colombienne, premier producteur mondial. Elle fait partie des cibles possibles évoquées par des sources proches de la Maison Blanche.
Pour Nicolas Maduro, Washington utilise le trafic de drogue comme prétexte «pour imposer un changement de régime» et s’emparer des importantes réserves de pétrole du pays.