Donald Trump et Vladimir Poutine ont convenu ce mercredi 12 février de lancer des pourparlers pour mettre fin au conflit en Ukraine, lors d’un spectaculaire échange qui rebat les cartes après trois années de guerre. Les négociations sur l’Ukraine vont commencer «immédiatement», a affirmé Donald Trump sur son réseau Truth Social, ajoutant avoir eu une «conversation prolongée et très productive» avec son homologue russe.
Dans la foulée, il en a informé l’ukrainien Volodymyr Zelensky. «La conversation s’est très bien passée. Lui, comme le président Poutine, veut faire la PAIX», a écrit Donald Trump dans une autre publication, ajoutant que le président ukrainien échangerait vendredi à Munich, en Allemagne, avec son vice-président J.D. Vance et le secrétaire d’Etat Marco Rubio, en marge d’une conférence sur la sécurité.
«Parvenir à la paix»
Le président Trump se montre déterminé à accélérer les négociations. «Nous voulons mettre fin aux millions de morts liées à la guerre Russie /Ukraine. Le président Poutine a même utilisé mon très percutant slogan de campagne : ‘BON SENS’. Nous y croyons tous deux très fortement», s’est-il encore félicité sur Truth Social. «Nous avons parlé des forces de nos nations respectives et du grand bénéfice qu’il y aura un jour à travailler ensemble», a écrit le milliardaire, en rapportant ce premier échange avec le président russe depuis son retour au pouvoir le 20 janvier.
De son côté, Vladimir Poutine a dit à Donald Trump vouloir trouver une «solution de long terme» au conflit ukrainien via des «pourparlers de paix», a annoncé le Kremlin, parlant d’un appel téléphonique de près d’une heure et demie. Les deux dirigeants ont également convenu de se rendre visite dans leurs pays respectifs.
Sur les réseaux sociaux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé cet échange. «Nous avons longuement parlé des possibilités de parvenir à la paix», a-t-il écrit sur X, précisant que le président Trump avait partagé avec lui les «détails de sa conversation avec Poutine». Zelensky espère, par ailleurs, finaliser à Munich des accords économiques avec les Etats-Unis, alors que l’administration Trump semble vouloir conditionner la poursuite de son soutien à Kyiv à un accès aux ressources minières ukrainiennes.
Récit
L’appel téléphonique entre Trump et Poutine survient au lendemain de la libération par la Russie d’un Américain, Marc Fogel, condamné à 14 ans de prison pour possession de drogue. En retour, les Etats-Unis ont accepté de libérer le Russe Alexander Vinnik, condamné pour des crimes liés aux cryptomonnaies. La Maison Blanche avait dit mardi espérer que cet échange marque le «début d’une relation» avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Ce mercredi, Washington a annoncé la libération de trois personnes «détenues» au Bélarus, dont une de nationalité américaine
Lignes rouges de Trump
Ce mercredi également, le ministre américain de la Défense a participé à une réunion de ses homologues de l’Otan à Bruxelles. Il en a profité pour tracer clairement les lignes rouges de Donald Trump sur le conflit. Pete Hegseth a jugé «irréaliste» d’envisager un retour de l’Ukraine à ses frontières d’avant 2014, c’est-à-dire comprenant la Crimée. De même, une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique à l’issue de négociations de paix, n’est «pas réaliste», a-t-il dit, douchant les espoirs de Kyiv.
Les pays européens devront à l’avenir assurer l’«écrasante» part de l’aide civile et militaire à l’Ukraine, a-t-il encore lancé, en assurant par ailleurs que si des troupes de maintien de la paix sont déployées à un certain moment, elles devront l’être dans le cadre d’une mission qui ne soit pas de l’Otan.
Déclarations
De leur côté, les Européens redoutent qu’un éventuel accord de paix entre l’Ukraine et la Russie ne se fasse sans eux et au détriment de Kyiv. Les chefs de la diplomatie espagnole, allemande et française ont tour à tour affirmé ce mercredi à Paris qu’aucune décision sur l’Ukraine ne pouvait se prendre «sans Kiyv» et sans la participation des Européens.
Donald Trump, qui jusque-là a laissé planer une grande incertitude sur ce qu’il comptait faire à propos de l’Ukraine, s’est engagé à mettre rapidement fin au «carnage» de la guerre, y compris en faisant pression sur Kyiv, qui a reçu des milliards de dollars d’aide militaire de Washington sous son prédécesseur démocrate Joe Biden. Le conflit en Ukraine, lancé après l’invasion russe en février 2022, a fait des centaines de milliers de morts et de blessés en près de trois ans.
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