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Libération
Réplique

Acier, aluminium, voitures : Trump attise la guerre commerciale avec le Canada, avant un énième rétropédalage

Le président américain a annoncé mardi 11 mars le doublement des droits de douane sur l’acier et l’aluminium à 50 % dès mercredi, avant de faire machine arrière dans la soirée.
US President Donald Trump speaks to journalists aboard Aire Force One as he travels from West Palm Beach back to Washington on March 9, 2025. (Photo by ROBERTO SCHMIDT / AFP) (Roberto /AFP)
publié le 11 mars 2025 à 15h51
(mis à jour le 11 mars 2025 à 21h48)

Et Trump se dédit une nouvelle fois. Après une journée de vives tensions et de surenchères avec le Canada à la veille de l’entrée en vigueur des droits américains de douane sur l’acier et l’aluminium, le président américain a finalement fait marche arrière. Son conseiller en charge des questions commerciales, Peter Navarro, a fait savoir ce mardi 11 mars dans la soirée que le doublement de ces tarifs (de 25 à 50 %) brandit pas le président républicain ne deviendra pas réalité mercredi.

Lundi, la province canadienne de l’Ontario avait annoncé surtaxer de 25 % les exportations d’électricité vers le Michigan, le Minnesota et l’Etat de New York, une mesure frappant environ 1,5 million de foyers et d’entreprises aux Etats-Unis. En réponse, Donald Trump avait annoncé un doublement des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, censés donc passer à 50 % dès mercredi. Dans sa diatribe, le président américain a carrément menacé de «mettre à l’arrêt définitivement l’industrie automobile au Canada» en imposant le 2 avril de telles taxes douanières sur les voitures. Pour lui, la «seule chose sensée» pour le Canada consistait à devenir le «51e Etat américain».

Discussion «productive» et «sans doute» un retour en arrière

«Le Canada n’est pas à vendre», avait rétorqué Doug Ford, le Premier ministre de l’Ontario, la province du pays la plus peuplée. Parlant d’une attaque non provoquée, le responsable canadien a assuré que la seule solution était d’abandonner cette guerre commerciale, «parce que cela renforcera nos deux pays. Nous sommes votre plus important client, nous achetons plus de produits américains que n’importe quel autre pays dans le monde». Dans la soirée, Doug Ford a toutefois annoncé suspendre cette surtaxe de 25 % après une discussion «productive» avec le ministre américain du Commerce, Howard Lutnick, qui a accepté «de rencontrer officiellement» Doug Ford à Washington jeudi pour «discuter d’un renouvellement» de l’accord de libre-échange.

Dans la foulée, Donald Trump a annoncé qu’il allait «sans doute» revenir sur sa volonté de porter à 50 % les droits de douane. Le président américain a par ailleurs assuré que l’économie américaine n’entrera pas en récession cette année, alors que les marchés commencent à s’inquiéter de cette perspective, ajoutant qu’il n’était «pas inquiet» face à la chute des indices boursiers depuis un peu plus d’une semaine.

La semaine dernière, la guerre commerciale avec ses voisins – Canada et Mexique – semblait avoir marqué le pas : Donald Trump avait en effet suspendu jusqu’au 2 avril une large part des droits de douane sur les produits mexicains et canadiens. Mais «le Canada abuse des tarifs douaniers, et ce n’est pas nouveau, avait accusé Trump sur son réseau Truth Social lundi après les annonces de l’Ontario. Nous n’avons pas besoin de vos voitures, nous n’avons pas besoin de votre bois, nous n’avons pas besoin de votre énergie et vous allez vous en rendre compte très bientôt.»

Mercredi, Trump explique que si les Canadiens devenaient Américains, «il n’y aurait plus de droits de douane, ni rien d’autre. Les Canadiens paieraient significativement moins d’impôts, ils seraient plus en sécurité […] qu’avant.»

Depuis son retour aux affaires, le 20 janvier, l’ancien promoteur immobilier n’a de cesse de clamer son «amour» pour les droits de douane qui, selon lui, doivent permettre à la fois de rapatrier des usines aux Etats-Unis et de réduire le déficit, quitte à causer des «perturbations» financières passagères. Cet «âge d’or» protectionniste vanté par le milliardaire convainc de moins en moins les investisseurs, qui spéculent désormais sur une récession aux Etats-Unis, chose impensable il y a quelques semaines à peine.

Mis à jour : à 21h48, avec la confirmation du conseiller de Trump que les droits de douane ne doubleront pas à 50 %.