L’élection aura lieu le 5 novembre, le même jour que la présidentielle qui devrait départager Joe Biden et Donald Trump. Pour la course à la mairie de Cheyenne, ville du Wyoming de 65 000 habitants, un des candidats inscrits s’appelle VIC, pour «Citoyen Virtuel Intégré», et il revendique le titre de «premier candidat IA de l’histoire». Soit un programme d’intelligence artificielle qui simule la pensée humaine pour résoudre les problèmes qu’on lui soumet.

Derrière cette innovation se cache Victor Miller, un utilisateur de la technologie ChatGPT, qui a détaillé son programme (informatique) au média local Cowboy State Daily. Ou plutôt le programme de VIC, puisque le jeune homme se présente modestement comme le «meat avatar» (avatar de chair) du candidat robot. Si le ticket VIC-Victor Miller est élu au conseil municipal, c’est VIC qui prendra les décisions. Et il a plusieurs atouts pour faire du bon travail, assure le geek : «Il est à l’abri de la corruption, ignore l’intérêt personnel», et «il connaît toutes les lois, il sait tout sur tout».

Victor Miller est le fils d’un journaliste du Cowboy State Daily, célébrité locale avec sa colonne hebdomadaire, et l’idée d’un candidat IA à la mairie de Cheyenne est venue d’une conversation entre les deux hommes. Rod Miller a relevé le défi lancé par Victor de publier une chronique rédigée par ChatGPT. Après introduction des paramètres, le texte était prêt en une minute. «Whao, s’est extasié le papa, je ne rendrai plus jamais mes articles en retard !» Le texte a été publié le 9 juin, assorti de commentaires et d’un titre qui ne doit rien à l’IA : «Les cerveaux artificiels portent-ils des Stetsons artificiels ?» La conclusion était que l’exercice n’est pas probant pour un texte littéraire, mais se révèle très utile pour toute activité qui fait appel à des connaissances juridiques. Par exemple, la gestion d’une ville.

Encore faut-il que la candidature de VIC soit validée. Les autorités de l’Etat du Wyoming pourraient donner leur feu vert, puisque le postulant est Victor Miller, une personne physique qui répond aux exigences légales, à savoir être majeur, résider dans la ville où il se présente et ne pas être déchu de ses droits civiques. C’est plutôt du côté de ChatGPT que viendrait le veto : interrogé par le Cap City News, un porte-parole d’Open AI, la maison mère, a expliqué jeudi : «Quiconque utilise nos outils doit respecter une charte. Et leur utilisation dans une campagne électorale n’est pas autorisée.» Le représentant a ajouté qu’une action légale contre VIC allait être lancée.