Menu
Libération
Défiance

Un juge fédéral suspend de nouveau le décret de Trump revenant sur le droit du sol

La nouvelle suspension, émise ce jeudi 10 juillet, concerne le texte, signé par le milliardaire dès son investiture à la Maison Blanche le 20 janvier, ayant pour but de combattre l’immigration clandestine.
Donald Trump dans le Bureau ovale, le 20 janvier 2025. (Evan Vucci/AP)
publié le 10 juillet 2025 à 21h04

Un juge fédéral dans l’Etat du New Hampshire a annoncé, ce jeudi, qu’il allait émettre une injonction temporaire contre le décret de Donald Trump visant à restreindre le droit à la citoyenneté par naissance pour les enfants de certains immigrants, l’un des plus contestés de ce nouveau mandat. Tous les tribunaux et cours d’appel qui en avaient été saisis avaient déjà suspendu sur tout le territoire l’entrée en vigueur du décret, le considérant comme inconstitutionnel.

Mais la Cour suprême, à majorité conservatrice, saisie par l’administration Trump, a limité le 27 juin le pouvoir des juges de bloquer à l’échelle nationale les décisions de l’exécutif qu’ils considèrent comme illégales. L’administration Trump demandait à la Cour non pas de lever la suspension de son décret à ce stade, mais de limiter la portée des suspensions aux seules personnes ayant saisi la justice.

Un juge fédéral du New Hampshire (Nord-Est) a donc suspendu à son tour le décret, mais cette fois dans le cadre d’une action de groupe au nom de toute personne née aux Etats-Unis à partir du 20 février et donc potentiellement affectée.

L’influente organisation de défense des droits civiques ACLU, une des associations engagées dans ce dossier, s’est félicitée dans un communiqué que cette décision «protège les droits à la citoyenneté de tous les enfants nés sur le sol américain».

«Victoire majeure»

«Depuis la décision de la Cour suprême, les parents vivaient dans la peur et l’incertitude, se demandant s’ils devraient faire naître leurs enfants dans un autre Etat et si leurs bébés risquaient d’être expulsés», explique Aarti Kohli, directrice de l’ONG Asian Law Caucus, citée dans le texte, saluant une «victoire majeure».

Le juge a reporté d’une semaine l’entrée en vigueur de sa décision afin de donner le temps au gouvernement de faire appel, mais cela interviendra de toute façon avant le 27 juillet, échéance fixée par la Cour suprême pour permettre à l’administration Trump d’appliquer partiellement le décret, soulignent les associations.

La Cour suprême n’a pas statué sur la constitutionnalité du décret présidentiel mais a autorisé les agences fédérales à élaborer et publier des directives quant à son application, à partir d’un mois après sa décision.

Le décret interdit au gouvernement fédéral de délivrer des passeports, des certificats de citoyenneté ou d’autres documents aux enfants dont la mère séjourne illégalement ou temporairement aux Etats-Unis, et dont le père n’est pas citoyen américain ou résident permanent – titulaire de la fameuse «carte verte».

Donald Trump a signé ce décret dès son investiture à la Maison Blanche le 20 janvier, affirmant vouloir ainsi combattre l’immigration clandestine. Le principe du droit du sol, consacré par le 14e amendement de la Constitution, disposant que tout enfant né aux Etats-Unis est automatiquement citoyen américain, est appliqué depuis plus de cent cinquante ans.