«En 1994, il y a eu une énorme averse, nous avons pensé annuler le carnaval. Après en avoir causé avec les Uruguayens du quartier et avec l’église du coin, on était tous convaincus qu’il devait avoir lieu quand même. Nous nous sommes adaptés en organisant des répétitions dans des gymnases. On a appris alors un truc essentiel, le carnaval ne s’annule pas, jamais. Comme nous l’a enseigné la chanteuse Margot Loyola, «ça appartient au peuple». Même s’il s’occupe aujourd’hui d’autres types de spectacles de rue, Ernesto Bravo n’oubliera jamais son premier amour, le carnaval historique de San Antonio de Padua qui ouvrait le week-end dernier la saison à Matta Sur, un quartier du centre de Santiago.
Depuis 1993, il incarne une sorte de moteur des bombances culturelles dans les quartiers populaires de toute la région métropolitaine grâce à son organisation autogérée qui rassemble voisins, écoles, assos et espaces culturels. «Après la dictature [1973-1990, ndlr] et toutes les interdictions de se réunir, il y avait alors un besoin urgent de célébrer, de passer du noir et blanc à la couleur,<