Des affrontements ont éclaté ce mercredi 1er mai en marge de rassemblements pro-palestiniens sur le campus de l’Université UCLA, à Los Angeles, selon des images retransmises par les télévisions américaines. Des manifestants et des contre-manifestants s’affrontaient à coups de bâton, se lançaient des objets et tiraient des feux d’artifice les uns sur les autres, selon les images. Les heurts qui ont débuté juste avant l’aube opposent des groupes pro-palestiniens et pro-israéliens, selon CNN. La police de Los Angeles «a immédiatement répondu à l’appel [des autorités universitaires, NDLR] pour de l’aide sur le campus», a écrit sur X un porte-parole de la ville.
200+ pro-Israel counterprotestors are attacking the @UCLA pro-Palestinian encampment. They started beating on one student and stomped another under a plywood board per @latimes @safinazzal on the scene. Where is UCLA security? pic.twitter.com/zjYNFWSK7r
— Teresa Watanabe (@TeresaWatanabe) May 1, 2024
Des étudiants pro-palestiniens avaient établi un campement en plein coeur du campus de UCLA, sur une pelouse entourée de barricades. Le chancelier d’UCLA, Gene D. Block, avait mis en garde, avant ces heurts, contre la présence de personnes extérieures à l’université.
Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes. « Beaucoup de manifestants et de contre-manifestants pratiquent leur militantisme de manière pacifique. Mais d’autres emploient des méthodes franchement choquantes et honteuses », a écrit le chancelier dans un message posté mardi sur le site de l’université. « Nous avons été témoins d’actes de violence. Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur », a-t-il ajouté.
Reportage
A l’épicentre de la mobilisation pro-palestinienne sur les campus américains, l’université Columbia à New York a été la cible d’une intervention musclée de la police mardi dans la soirée, afin de déloger les manifestants qui se barricadaient dans un bâtiment depuis la nuit précédente. L’ensemble des manifestants ont été évacués du campus, affirment les médias américains.
C’est en tenue antiémeute, aidés d’un véhicule d’intervention avec échelle, que des dizaines, voire des centaines de policiers, sont entrés sur le campus. Des agents casqués, grimpant sur l’échelle, sont ensuite entrés via une fenêtre dans le bâtiment occupé. Des dizaines de personnes, certains portant le keffieh, ont été interpellées et placées dans des bus de la police. A l’extérieur du campus, la foule criait «Palestine libre !».
Police have broken into Hamilton Hall at Columbia University to arrest students inside who’ve taken it over last night in order to pressure the university to divest pic.twitter.com/0ovgz1r9Gp
— Lama Al-Arian (@lalarian) May 1, 2024
«Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix», s’est défendue la présidente de l’université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d’intervenir sur le périmètre de cet établissement privé de Manhattan. La dirigeante a également demandé aux forces de l’ordre de «maintenir une présence sur le campus au moins jusqu’au 17 mai, afin de maintenir l’ordre et de s’assurer qu’aucun campement ne soit établi.»
Dans la nuit de lundi à mardi, quelques dizaines de protestataires se sont barricadés dans un bâtiment, Hamilton Hall. Le bâtiment a été renommé «Hind’s Hall» par le groupe pro-palestinien «Columbia University Apartheid Divest», en hommage à une fillette de 6 ans tuée à Gaza. Sur leur compte Instagram, ce groupe a dénoncé une «invasion» du campus. La présidence de Columbia avait commencé lundi à «suspendre» administrativement des étudiants qui refusaient de quitter le «village» de tentes.
Deux semaines de manifestations
Depuis une quinzaine de jours, de nombreux dirigeants d’universités à travers le pays font face à des manifestants, parfois quelques dizaines seulement, qui occupent leur campus pour s’opposer à la guerre menée par Israël à Gaza contre le Hamas, rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam à la fin des années 1960.
A l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, un groupe d’étudiants a revendiqué avoir hissé un drapeau palestinien au centre du campus, avant que la police ne remette en place les couleurs des Etats-Unis, selon la presse. Depuis le week-end dernier, des centaines d’étudiants, enseignants, militants d’une vingtaine d’universités ont été interpellés, certains arrêtés en placées en détention.
Les manifestants pro-palestiniens exigent eux que leurs universités coupent les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël. Columbia refuse. Mais un autre campus d’élite du nord-est, Brown University à Providence dans le Rhode Island, a annoncé un accord avec les étudiants : démantèlement du campement contre un vote de l’université en octobre sur d’éventuels «désinvestissements de “sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza”».
A six mois de la présidentielle dans un pays polarisé, ce mouvement estudiantin et la répression en retour a fait vivement réagir le monde politique. Joe Biden «doit faire quelque chose» contre ces «agitateurs payés», a déblatéré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. «Il nous faut mettre fin à l’antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd’hui», a-t-il ajouté.
«Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», avait tonné avant l’intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale du président démocrate Joe Biden.
Ces nouvelles manifestations pro-palestiniennes aux Etats-Unis ont ravivé le débat électrique depuis octobre entre liberté d’expression et accusations d’antisémitisme. Le pays compte le plus grand nombre de juifs dans le monde après Israël, et des millions d’Américains arabo-musulmans.
Mise à jour : à 11h51, avec davantage de contexte sur les tensions à UCLA.