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Asile

Venezuela : le candidat de l’opposition exilé en Espagne affirme continuer «la lutte pour le rétablissement de la démocratie»

Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet, a quitté samedi 7 septembre son pays à bord d’un avion de l’armée de l’air espagnole. Madrid lui a accordé l’asile.
Edmundo Gonzalez Urrutia, candidat de l'opposition vénézuélienne à l'élection présidentielle, à Caracas, le 28 juillet. (Leonardo Fernandez Viloria/REUTERS)
publié le 8 septembre 2024 à 8h09
(mis à jour le 9 septembre 2024 à 7h26)

«Je suis convaincu que dans un avenir proche, nous continuerons la lutte pour la liberté et le rétablissement de la démocratie au Venezuela», a affirmé dimanche soir – via un message audio transmis par son équipe à la presse à Caracas – celui qui a décidé de fuir son pays à la surprise générale. Edmundo Gonzales Urrutia, le candidat de l’opposition vénézuélienne qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet face à Nicolas Maduro, a en effet quitté le Venezuela samedi 7 septembre pour l’Espagne, qui lui a accordé l’asile. Les autorités vénézuéliennes lui ont délivré un sauf-conduit «dans l’intérêt de la paix» dans le pays.

«Aujourd’hui, 7 septembre, Edmundo Gonzalez Urrutia […] a quitté le pays. Après s’être réfugié volontairement à l’ambassade d’Espagne à Caracas il y a quelques jours, il a demandé l’asile politique au gouvernement espagnol», a écrit la vice-présidente Delcy Rodriguez sur les réseaux sociaux. «Le Venezuela a accordé les sauf-conduits nécessaires dans l’intérêt de la paix et de la tranquillité politique du pays», a-t-elle affirmé.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a apporté son soutien dimanche soir au candidat de l’opposition vénézuélienne à Edmundo Gonzalez Urrutia. «Les Etats-Unis condamnent fermement la décision de [Nicolás] Maduro de recourir à la répression et à l’intimidation pour s’accrocher au pouvoir par la force brute plutôt que de reconnaître sa défaite dans les urnes, a déclaré Blinken cité dans un communiqué. Au cours des six dernières semaines, M. Maduro a arrêté injustement près de 2 000 Vénézuéliens, a eu recours à la censure et à l’intimidation pour s’accrocher au pouvoir.»

«Je confirme qu’il est parti vers l’Espagne», déclare l’avocat d’Edmundo Gonzalez Urrutia, José Vicente Haro, indiquant qu’il ne pouvait pas faire d’autres commentaires. Selon une source proche de l’opposition, il a quitté le Venezuela avec sa femme, Mercedes.

«A sa demande, Edmundo Gonzalez vole vers l’Espagne à bord d’un avion de l’armée de l’air espagnole. Le gouvernement espagnol s’engage à respecter les droits politiques et l’intégrité physique de tous les Vénézuéliens», a précisé le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares sur les réseaux sociaux, reprenant les termes d’un communiqué du gouvernement. L’Espagne lui accordera «naturellement» l’asile politique, a affirmé dimanche matin le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, affirmant qu’Edmundo Gonzales Urrutia avait «demandé à bénéficier du droit d’asile».

Dans la clandestinité depuis un mois

Le Venezuela est plongé dans une crise politique depuis le scrutin qui a vu officiellement Nicolas Maduro reconduit pour un troisième mandat de six ans, résultat que l’opposition conteste. Ancien ambassadeur, Edmundo Gonzalez Urrutia, 75 ans avait accepté de remplacer au pied levé comme candidat la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, déclarée inéligible. Il vivait depuis plus d’un mois dans la clandestinité, était visé depuis le 3 septembre par un mandat d’arrêt pour ne pas s’être présenté à trois convocations du parquet concernant une enquête sur le site internet de l’opposition qui le donne vainqueur.

L’enquête porte notamment sur des accusations de «désobéissance aux lois», «conspiration», «usurpation de fonctions» et «sabotage». L’opposition et de nombreux observateurs considèrent la justice aux ordres du pouvoir. Le procureur général Tarek William Saab a annoncé qu’il ferait «d’importantes déclarations» dimanche matin.

Nicolas Maduro, dont la victoire a été validée par la Cour suprême le 22 août, a été proclamé vainqueur avec 52 % des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n’a pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique. Une telle attaque informatique est jugée peu crédible par l’opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact. Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60 % des voix.

Les États-Unis, l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique latine ne reconnaissent pas la réélection de M. Maduro. Une grande partie de la communauté internationale n’avait déjà pas reconnu sa réélection en 2018 à l’issue d’un scrutin boycotté par l’opposition qui avait crié à la fraude. Après l’annonce de sa réélection le 28 juillet dernier, des manifestations spontanées ont éclaté. Elles ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2 400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

Mis à jour : à 11h45 avec la déclaration du ministre espagnol des Affaires étrangères.