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Libération
Répression

Venezuela : le candidat de l’opposition Edmundo González ciblé par un mandat d’arrêt

Il mène déjà une vie semi-clandestinité après l’élection contre le président sortant Nicolas Maduro qu’il affirme avoir gagnée : Edmundo González est depuis lundi 2 septembre officiellement recherché par la justice vénézuélienne.
Edmundo Gonzalez, candidat de l'opposition vénézuélienne à l'élection présidentielle, à Caracas, le 28 juillet 2024. (Leonardo Fernandez Viloria/Reuters)
publié le 3 septembre 2024 à 9h15

Après une élection litigieuse, une suspension (temporaire) des réseaux sociaux et une répression féroce des manifestations, la crise démocratique vénézuélienne s’enlise. Edmundo González, le candidat de l’opposition qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet contre Nicolás Maduro, est visé depuis lundi 2 septembre par un mandat d’arrêt de la justice vénézuélienne.

Le parquet affirme avoir obtenu «l’ordre d’arrestation pour de graves» crimes de la part d’un tribunal compétent en terrorisme, selon un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Une enquête avait été ouverte début août contre Edmundo González et la cheffe de l’opposition María Corina Machado pour «usurpation de fonctions, diffusion de fausses informations, incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l’insurrection, association de malfaiteurs».

«Ils ont perdu tout sens des réalités. En menaçant le président élu (González), ils ne parviennent qu’à nous rapprocher et à renforcer le soutien des Vénézuéliens et du monde entier à Edmundo González», a réagi sur les réseaux sociaux la cheffe de l’opposition María Corina Machado qui, comme l’ancien ambassadeur, vit dans la semi-clandestinité.

Edmundo González, 75 ans, ne s’est pas rendu à trois convocations de la justice – la dernière vendredi – qui voulait l’entendre au sujet du site internet de l’opposition le donnant vainqueur de la présidentielle en s’appuyant sur les scans de plus de 80% de procès-verbaux que le pouvoir refuse toujours de rendre public. Pour justifier ses absences, l’ex-candidat, qui n’a pas été vu en public depuis le 30 juillet, a dit craindre une justice «sans garantie d’indépendance» et le procureur général Tarek William Saab qu’il accuse de se comporter «comme un accusateur politique».

Une élection remise en question par les observateurs

«Personne dans ce pays n’est au-dessus des lois, au-dessus des institutions, comme le prétend […] le lâche Edmundo González», a déclaré Nicolas Maduro lors de son émission télévisée hebdomadaire. Le président socialiste – dont la victoire a été validée par la Cour suprême, acquise à sa cause – a été proclamé vainqueur avec 52 % des voix par le Conseil national électoral (CNE), lui aussi proche du pouvoir, qui n’a donc pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique.

Une telle attaque est jugée peu crédible par l’opposition et de nombreux observateurs, qui y voient une manœuvre du pouvoir pour éviter de divulguer le décompte exact. Selon l’opposition, qui a donc publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs sur son fameux site, Edmundo González a obtenu plus de 60 % des voix.

Après l’annonce de la réélection de Nicolás Maduro, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2 400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

Un avion de Nicolás Maduro saisi par les Etats-Unis

Une grande partie de la communauté internationale, Etats-Unis en tête, ne reconnaît pas la réélection de Nicolás Maduro. Lundi, les Américains ont annoncé avoir «saisi un avion qu’(ils) considèrent comme ayant été acquis illégalement pour 13 millions de dollars par l’intermédiaire d’une société écran et sorti clandestinement des Etats-Unis pour être utilisé par Nicolás Maduro et sa clique», selon le ministre de la Justice, Merrick Garland, dans un communiqué.

L’appareil, un Falcon 900EX de Dassault, a été saisi en République dominicaine et transféré en Floride (sud-est), selon le communiqué. Le Venezuela a aussitôt «dénoncé devant la communauté internationale […] une pratique criminelle répétée qui ne peut être qualifiée que d’acte de piraterie», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères vénézuélien.