Une semaine après la réélection contestée de Nicolás Maduro comme président du Venezuela, l’opposition continue de revendiquer la victoire de son candidat. Un appel aujourd’hui repris par de nombreux pays, accentuant la pression internationale sur le président sortant. Après Washington et son appel à un décompte «juste et transparent», et les doutes du président chilien, Gabriel Boric, qui estime que cette victoire est «difficile à croire», l’Union européenne s’est à son tour fait entendre.
«Bien qu’il s’y soit engagé, le Conseil national électoral du Venezuela (CNE) n’a toujours pas publié les procès-verbaux officiels des bureaux de vote. Faute de preuve pour les soutenir, les résultats publiés le 2 août par le CNE ne peuvent être reconnus», a ainsi estimé le Conseil de l’UE dans un communiqué publié dimanche 4 août. Le Conseil national électoral (CNE) a en effet ratifié ce vendredi la victoire de Nicolás Maduro avec 52 % des voix, contre 43 % à Edmundo Gonzalez Urrutia, qui a remplacé au pied levé la cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, déclarée inéligible pour le scrutin du 28 juillet. Mais ce résultat est largement contesté.
Reportage
Contrairement aux Etats-Unis et à plusieurs autres pays, l’UE se garde pourtant de reconnaître la victoire du candidat d’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia. «Des copies des procès-verbaux électoraux publiés par l’opposition et revus par plusieurs organisations indépendantes indiquent qu’Edmundo Gonzalez Urrutia apparaît être le vainqueur de l’élection présidentielle avec une majorité conséquente», a-t-elle néanmoins rappelé. «L’Union européenne demande donc une nouvelle vérification indépendante des registres électoraux, si possible par une entité de réputation internationale», ajoute le communiqué. L’UE appelle également le gouvernement vénézuélien «à mettre fin aux arrestations arbitraires, à la répression et à la rhétorique violente contre les membres de l’opposition et de la société civile, et à libérer tous les prisonniers politiques».
L’organe électoral victime d’un «piratage informatique»
Se disant victime d’un piratage informatique, le CNE n’a toujours pas donné le détail du vote bureau par bureau. L’opposition estime qu’il s’agit d’une manœuvre pour ne pas révéler les vrais résultats, et a publié sur un site internet les procès-verbaux de chaque bureau. Selon ces documents, dont la validité est rejetée par Maduro, Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec 67 % des voix.
La cheffe de l’opposition a alors remercié dimanche sept pays européens, dont la France, qui ont demandé dans une déclaration commune au Venezuela de «publier rapidement tous les procès-verbaux» des bureaux de vote, se félicitant de leur «engagement en faveur de la démocratie». «Nous apprécions également l’appel à la fin de la persécution et de la répression qui, ces dernières heures, a été cruellement déployée contre des personnes innocentes», a-t-elle ajouté.
De son côté, le pape François a lui aussi lancé dimanche «un appel sincère à toutes les parties à chercher la vérité et à éviter tout type de violence». S’adressant à la foule sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le pontife argentin a également appelé le pays à «régler les différends par le dialogue et à prendre en compte les véritables intérêts de la population».
Les Etats-Unis, qui maintiennent leurs sanctions contre le Venezuela, ont eux fait état de «preuves accablantes» d’une victoire de Edmundo Gonzalez Urrutia. Plusieurs pays ont reconnu celui-ci comme «président élu». La Russie et la Chine, alliés traditionnels de Caracas, ont à l’inverse apporté leur soutien à Maduro. Enfin, des pays comme le Brésil, la Colombie ou le Mexique se sont contentés d’appeler à un règlement de la crise.