Andrés Manuel López Obrador serre les dents. Ses principaux collaborateurs, la mine déconfite, fixent le sol. Face à eux, dans un salon du Palais national, des dizaines de proches de disparus brandissent les portraits des victimes. Le malaise était déjà patent avant qu’une mère ne s’agenouille devant le Président et le supplie de l’aider à retrouver son fils. AMLO, crispé, tente de l’obliger à se relever, sans succès.
C’était en juin 2019. Son sexennat à peine entamé, le président mexicain se rend compte qu’il ne pourra apporter de réponse aux nombreux collectifs de familles des victimes de la violence. Par la suite, il maintiendra une distance hostile avec ceux-ci et refusera de les recevoir. Trop de gêne accumulée, trop de promesses non tenues : celle de rechercher les disparus, et notamment les 43 étudiants de l’Ecole normale rurale d’Ayotzinapa disparus en 2014, de créer un centre national pour identifier les milliers de corps retrouvés dans des fosses, de former des commissions de vérité et de rendre justice aux victimes et, par-dessus tout, d’enrayer