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Libération
Migrations forcées

Violences des gangs en Haïti : plus de 40 000 déplacés dans la capitale en dix jours, selon l’ONU

Meurtres, pillages, violences sexuelles... une alliance de gangs, formée en février dernier, attise le niveau de tensions dans la capitale, Port-au-Prince. Les habitants de la capitale, apeurés, sont obligés de fuir en masse.
A Port-au-Prince le 16 novembre 2024, un jour après que les gangs ont pris le contrôle de la zone. (Clarens Siffroy/AFP)
publié le 26 novembre 2024 à 10h52

Plus de 40 000 personnes ont été déplacées en dix jours dans la capitale haïtienne en raison d’une nouvelle flambée de violences des gangs, a annoncé lundi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), décrivant la pire vague de déplacements depuis deux ans. Accusés de nombreux meurtres, violences sexuelles, viols, pillages et enlèvements contre rançon, ces groupes armés contrôlent la capitale et s’en prennent largement aux civils, forcés de fuir.

Entre le 11 et le 20 novembre, 40 965 personnes ont été déplacées dans la métropole de Port-au-Prince en raison de ces violences et certaines ont été obligées de fuir pour la deuxième, voire la troisième fois, a précisé l’agence onusienne. «L’ampleur de ces déplacements est sans précédent depuis le début de notre réponse à la crise humanitaire en Haïti en 2022», a commenté dans un communiqué Grégoire Goodstein, chef de l’OIM pour Haïti. Au total, plus de 700 000 personnes sont déplacées dans ce pays pauvre des Caraïbes. «Cette crise n’est pas qu’un défi humanitaire. C’est un test pour notre responsabilité collective», a insisté Grégoire Goodstein, soulignant la difficulté pour les équipes de l’ONU de mener leur mission dans ces conditions d’insécurité.

Haïti pâtit depuis des dizaines d’années d’une instabilité politique chronique et d’une crise sécuritaire liée à la présence de gangs armés. Depuis deux semaines, Port-au-Prince et des communes voisines font face à une nouvelle flambée de violences attisée par «Viv Ansanm» (Vivre ensemble), alliance de gangs formée en février et parvenue à renverser le Premier ministre d’alors, Ariel Henry.

Le 11 novembre dernier, ces violences avaient fait au moins 150 morts en une semaine dans la capitale, selon le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk. Un nouveau bilan qui portait à 4 544 morts et 2 060 blessés le nombre de morts en Haïti depuis le début de l’année, selon l’ONU, qui souligne que le véritable bilan est «probablement plus élevé». Mardi 19 novembre, l’ONG Médecins Sans Frontières avait annoncé qu’elle suspendait ses activités dans la capitale d’Haïti à la suite de «violences et menaces des forces de police» et après notamment la mort de deux de ses patients le 11 novembre. «L’isolement de Port-au-Prince amplifie une situation humanitaire déjà désastreuse», a déclaré Grégoire Goodstein, responsable pour Haïti de l’OIM, dans un communiqué. «Notre capacité à fournir de l’aide atteint ses limites. Sans un soutien international immédiat, les souffrances s’aggraveront de manière exponentielle», a-t-il mis en garde.