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Visas étudiants suspendus aux Etats-Unis : Washington envisage de passer au crible les réseaux sociaux des candidats

Les universités américaines font partie depuis quelques mois des cibles privilégiées de Donald Trump, qui les voit comme des foyers d’antisémitisme et de «wokisme». Le ralentissement de la délivrance de papiers aux étudiants étrangers pourrait durablement les fragiliser.
Donald Trump au cimetière national d'Arlington, en Virginie, le 26 mai 2025. (Saul Loeb/AFP)
publié le 27 mai 2025 à 20h35

L’administration Trump a ordonné l’arrêt des nouveaux entretiens pour les visas étudiants, rapporte mardi 27 mai le média politique américain Politico, dont les informations ont été confirmées dans la foulée par les agences Bloomberg et Reuters. En cause : l’administration américaine envisage d’exiger que tous les étrangers souhaitant étudier aux Etats-Unis se soumettent à un contrôle de leurs réseaux sociaux. En prévision, le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, vient ainsi de demander à toutes les ambassades américaines de cesser de programmer les entretiens obligatoires pour les candidats au visa, «jusqu’à la publication de nouvelles directives attendues dans les prochains jours». «L’objectif est de s’assurer que les personnes qui sont ici comprennent ce qu’est la loi, qu’elles n’ont pas d’intentions criminelles», a justifié la porte-parole du chef de la diplomatie américaine, Tammy Bruce.

Ces nouvelles règles pourraient ralentir considérablement le traitement des visas étudiants, mais également fragiliser certaines universités américaines, qui dépendent économiquement fortement des étudiants étrangers. Pour l’heure, l’administration Trump n’a pas communiqué sur les détails de ce nouveau filtrage des réseaux sociaux. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que le camp Trump accuse plusieurs universités américaines d’être trop libérales, ou d’être des foyers d’antisémitisme et de «wokisme».

Duel avec les universités

Donald Trump a notamment lancé une violente offensive contre Harvard, l’une des plus prestigieuses universités américaines, qui refuse de lui donner un droit de regard sur les admissions d’étudiants et les recrutements de professeurs. Lundi, il a affirmé qu’il «gagnerait» ce duel avec l’université sans doute la plus célèbre du monde, à laquelle il veut notamment interdire de recevoir des étudiants étrangers. Quelques jours plus tôt, la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, avait annoncé le retrait de la certification Sevis (Student and Exchange Visitor, permettant l’accueil d’étudiants étrangers) de Harvard, mais une juge fédérale a rapidement suspendu la mesure. Le gouvernement reproche aussi à Harvard d’avoir des liens avec le Parti communiste chinois. «Nous exhortons les Etats-Unis à garantir concrètement les droits et intérêts légitimes des étudiants internationaux, y compris des étudiants chinois», a réagi Pékin.

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, des centaines d’étudiants étrangers ont déjà vu leurs visas supprimés, tandis que des étudiants en situation régulière sur le sol américain ayant participé à des manifestations propalestiniennes ont été arrêtés et menacés d’expulsion. Hong Kong et le Japon ont déjà dit vouloir ouvrir les portes de leurs universités aux étudiants étrangers qui seraient obligés de renoncer à aller à Harvard.

Mise à jour le 28 mai à 10 h 42 avec plus contexte et la réaction chinoise.