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Libération
En toute franchise

Vivian Jenna Wilson, fille d’Elon Musk : «C’est un gros bébé pathétique, pourquoi devrais-je avoir peur de lui ?»

LGBT +dossier
Dans un rare et long entretien avec le magazine américain «Teen Vogue», la jeune femme transgenre de 20 ans a évoqué sans détour jeudi 20 mars sa rupture avec son père, son mépris pour lui et son effroi face à la politique de l’administration Trump.
Vivian Jenna Wilson. (Insta @vivllainous)
publié le 21 mars 2025 à 18h02
(mis à jour le 21 mars 2025 à 19h34)

En apparence, le portrait d’une jeune femme ordinaire. A tout juste 20 ans, Vivian Jenna Wilson, originaire de Los Angeles, est partie étudier les langues étrangères à Tokyo, au Japon. Elle aime lire, passer des heures en ligne avec ses amis, regarder l’émission de téléréalité RuPaul’s Drag Race et écouter la chanteuse pop Chappell Roan. Comme beaucoup de jeunes de son âge, elle a une relation compliquée avec son père. Mais tout le monde n’est pas la fille de l’homme le plus riche au monde – un homme devenu, en janvier, l’une des figures des dérives autoritaires du gouvernement américain. «C’est chiant que tout le monde m’associe à lui», affirme-t-elle, mais difficile d’en faire autrement : elle est la fille du très controversé Elon Musk.

«Cette merde était définitivement un salut nazi»

Face aux récentes attaques perpétrées par l’administration Trump sur les droits des personnes transgenres – elle-même concernée – et les propos et comportements polémiques de son père, Vivian Jenna Wilson a fait le choix de sortir du silence. Dans un entretien fleuve avec le magazine de mode américain Teen Vogue daté du 20 mars, le second qu’elle ait accordé aux médias après celui pour CBN News en juillet 2024, la jeune femme revient sur la rupture de tous les liens entre elle et Elon Musk. Depuis sa résidence universitaire japonaise, celle qui assure «ne plus en avoir rien à foutre» de son père, ne peut s’empêcher pour autant de commenter ses dernières exactions, dans un langage fleuri. «Le salut nazi, c’était de la folie furieuse. Appelons un chat, un chat, cette merde était définitivement un salut nazi, dénonce-t-elle. Mis à part ça, je n’en ai rien à foutre de lui.»

Reniée par son père depuis son coming out trans en 2020 – «mon fils est mort, tué par le virus de la culture woke», affirmait le milliardaire en juillet –, Vivian Jenna Wilson veut à tout prix se détacher de cette figure paternelle encombrante. Au point de changer de nom de famille, en 2022, pour adopter celui de sa mère, Justine Wilson. Elle affirme ne plus avoir parlé au techno-solutionniste depuis 2020. «Il y a presque une demi-décennie. Dieu merci.» Depuis, elle est financièrement indépendante de son père, et l’assure : «Je n’ai jamais gagné d’argent en étant célèbre. Zéro dollar, zéro centime.» A la question : «Vous arrive-t-il d’avoir peur ? C’est l’homme le plus riche du monde», elle répond sans détour, provoc : «C’est un gros bébé pathétique. Pourquoi devrais-je avoir peur de lui ?»

Sombre ironie, le même jour de la parution de l’entretien de Vivian Jenna Wilson, Elon Musk relayait un tweet affirmant que 3 actes de vandalisme sur 4 visant ses voitures Tesla – les attaques visant le constructeur de voitures électriques détenu par le milliardaire trumpiste se multiplient – étaient réalisés par des personnes transgenres ou non-binaires, avec en commentaire : «La probabilité qu’une personne transgenre soit violente semble beaucoup plus élevée que celle d’une personne non transgenre.»

La distance avec son père est telle qu’elle ne connaît pas le reste de sa famille. Fille aînée d’une fratrie composée de treize enfants issus de trois unions différentes, Vivian Jenna Wilson lâche, non sans ironie : «Je ne sais même pas vraiment combien j’ai de frères et sœurs.» «Je ne garde pas contact avec ce côté de la famille parce que… Je ne le fais pas. Ma mère non plus. Elle est divorcée. Donc je n’en ai rien à foutre de ce qu’ils font. Ce n’est pas mon problème.» Tout juste a-t-elle «vu X une fois, quand il était tout petit», en référence au garçonnet de 4 ans, nom de naissance «X Æ A-12», mitraillé par les photographes sur les épaules de son père dans un show absurde à la Maison Blanche, aux côtés de Donald Trump.

«C’est horrible ce qu’ils font»

Un duo dont elle dénonce sans réserve les choix et l’influence sur la situation politique du pays. Les lois transphobes bien sûr : «En tant que femme transgenre, je suis terrifiée à l’idée de perdre l’accès à mes soins médicaux.» Et les autres politiques répressives. «C’est horrible ce qu’ils font, s’émeut-elle. Non seulement à la communauté trans, mais aussi aux migrants, aux communautés de couleur, à tant d’autres communautés marginalisées systématiquement ciblées par la nouvelle administration» de Donald Trump.

Durant l’interview, la jeune femme se met à pleurer en évoquant la force de l’amitié et le soutien primordial de ses proches. Elle se reprend. Et adresse un message à celles et ceux qui la suivent : «Ne laissez pas les perceptions des autres affecter la vôtre. N’ayez pas honte d’être trans dans un monde qui essaie constamment de nous faire honte de qui nous sommes.»

Mis à jour à 19 h 30 avec les accusations transphobes d’Elon Musk concernant les actes de vandalisme visant les voitures Tesla.