Menu
Libération
Etats-Unis

Meurtre de deux membres de l’ambassade israélienne à Washington : ce qu’on sait de l’attaque près du musée juif

Le suspect, qui a crié «Free Palestine», a été arrêté peu après les faits dans la capitale des Etats-Unis ce jeudi 22 mai. Donald Trump a dénoncé d’«horribles meurtres évidemment motivés par l’antisémitisme», tandis que la France condamne «un acte odieux de barbarie antisémite».
Des personnels de sécurité à Washington, après l'attaque, ce jeudi 22 mai 2025. (Jonathan Ernst/REUTERS)
publié le 22 mai 2025 à 6h46
(mis à jour le 22 mai 2025 à 8h33)

L’attaque suscite la stupeur et de vives réactions. Deux employés de l’ambassade israélienne aux Etats-Unis ont été abattus à l’extérieur du musée juif de Washington, a annoncé ce jeudi 22 mai la ministre américaine à la Sécurité intérieure. Libé fait le point.

Les faits

Il était environ 21 heures à Washington lorsque les coups de feu ont résonné en plein centre de la capitale fédérale américaine. L’attaque a eu lieu à l’extérieur du musée juif de la ville. Selon le récit livré à la presse par la cheffe de la police de Washington, Pamela Smith, un homme faisait les cent pas à proximité. Il «a été observé en train de faire des allées et venues à l’extérieur du musée». Puis, «il a approché un groupe de quatre personnes, sorti une arme de poing et ouvert le feu».

Les deux victimes étaient en couple, ils étaient sur le point de se marier. Yechiel Leiter, ambassadeur d’Israël aux États-Unis, a déclaré aux journalistes que le jeune homme tué avait «acheté une bague cette semaine avec l’intention de demander sa petite amie en mariage la semaine prochaine à Jérusalem».

L’ambassade a publié sur X une photo du couple souriant et le ministère israélien des Affaires étrangères les a identifiés comme étant Yaron L., âgé de 28 ans selon le Times of Israel, et Sarah L.M, citoyenne américaine de confession juive, selon le journal.

L’attaque a eu lieu en marge d’un évènement organisé par le American Jewish Committee (Comité juif américain), une organisation de soutien à Israël et de lutte contre l’antisémitisme, selon son site web. Une soirée Young Diplomats Reception y avait lieu, un rassemblement de membres de la communauté diplomatique juifs âgés de 22 à 45 ans. Le musée juif est situé à quelques centaines de mètres à peine des principaux lieux de pouvoir, dont le Capitole et la Maison Blanche.

L’enquête policière

La police locale a confirmé qu’une personne, soupçonnée d’être l’auteur des coups de feu, était entrée dans le bâtiment après les tirs, et avait été arrêtée. «Nous pensons que l’attaque a été commise par un seul suspect qui est maintenant en garde à vue», a déclaré la cheffe de la police de Washington Pamela Smith. «Une fois menotté, le suspect a indiqué l’endroit où il s’était débarrassé de l’arme, qui a été retrouvée, et il a laissé entendre qu’il était l’auteur des faits», a-t-elle ajouté.

La police a identifié le suspect comme étant Elias Rodriguez, âgé de 30 ans et originaire de Chicago, dans le nord des Etats-Unis. Il n’aurait aucun antécédent judiciaire.

Sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, pas encore authentifiée, un homme, barbu, à lunettes, en veste et chemise blanche est arrêté et emmené par plusieurs personnes, sans opposer de résistance. Avant de franchir la porte, il se tourne vers l’assistance et la caméra en criant à deux reprises «Free, free Palestine» («Libérez, libérez la Palestine»).

«Nous enquêtons activement», a affirmé la ministre américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, sur le réseau social X. Le directeur adjoint du FBI, Don Bongino, a ensuite fait savoir que le suspect était interrogé par la police et son bureau fédéral. «Les premiers éléments montrent qu’il s’agit d’un acte de violence ciblée», a-t-il déclaré dans un message sur X.

Les réactions

Le représentant permanent d’Israël aux Nations unies, Danny Danon, a été le premier à réagir et a dénoncé un «acte dévoyé de terrorisme antisémite». «S’attaquer à des diplomates et à la communauté juive, c’est franchir une ligne rouge», a-t-il ajouté dans un communiqué. «Nous avons confiance dans le fait que les autorités américaines prendront des mesures fortes contre les responsables de cet acte criminel. Israël continuera à agir résolument pour protéger ses ressortissants et ses représentants partout dans le monde», a-t-il déclaré.

Le président israélien, Isaac Herzog, s’est dit «bouleversé». «L’Amérique et Israël resteront unis pour défendre nos peuples et nos valeurs communes. Le terrorisme et la haine ne nous briseront pas», a-t-il affirmé dans un communiqué.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a ensuite fait savoir que le niveau de sécurité va être relevé dans l’ensemble des ambassades israéliennes dans le monde. «Nous constatons le terrible prix de l’antisémitisme et l’incitation furieuse [à la violence] contre l’Etat d’Israël», a-t-il ajouté.

Donald Trump a pour sa part écrit sur son réseau Truth Social que «ces horribles meurtres à Washington, évidemment motivés par l’antisémitisme, doivent cesser, MAINTENANT !». «La haine et le radicalisme n’ont pas leur place aux Etats-Unis», a-t-il ajouté. Dénonçant «un acte éhonté de violence lâche et antisémite», le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a assuré que les autorités retrouveront «les responsables et les traduiront en justice».

Côté européen, Le chancelier allemand Friedrich Merz a dénoncé «fermement» un «acte odieux», tandis que Londres s’est dit «horrifié» par cette attaque «antisémite épouvantable». La France, par la voix du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a condamné «un acte odieux de barbarie antisémite». Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé une surveillance «renforcée» des «sites liés à la communauté juive» dans l’Hexagone.

En 2014, le Français Mehdi Nemmouche avait tué quatre personnes dans une attaque jihadiste contre le Musée juif de Bruxelles. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinats terroristes.

Depuis quelques jours, l’Etat hébreu a encore intensifié son offensive sur la bande de Gaza. La pression diplomatique internationale est aussi en train d’augmenter contre le gouvernement de Benyamin Nétanyahou pour qu’un accord de trêve soit conclu avec le Hamas, qui comprendrait notamment la libération des vingt otages du 7-Octobre encore vivants dans l’enclave palestinienne.

Mise à jour : à 11 h 30, avec l’ajout de la déclaration de Bruno Retailleau.