Au moins 31 personnes ont été tuées au Yémen, selon un bilan annoncé ce dimanche 16 mars, par une série de frappes américaines contre les rebelles houthis après leurs menaces contre le commerce maritime, auxquelles Donald Trump a promis de répondre par «une force létale écrasante». Dans un message sur son réseau Truth Social, le président américain a également demandé à l’Iran «d’arrêter immédiatement», son soutien aux Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen en guerre, dont la capitale, Sanaa.
Selon le ministère de la Santé des Houthis, ces frappes ont visé la capitale, les gouvernorats de Saada (nord) et d’Al-Bayda (centre), et la ville de Radaa (centre). Elles ont fait au moins 31 morts et 101 blessés, «pour la plupart des enfants et des femmes», a indiqué sur le réseau social X le porte-parole du ministère, Anis Al-Asbahi. Un photographe de l’AFP dans la capitale yéménite a entendu trois explosions et vu des panaches de fumée s’élever d’un quartier résidentiel. Les forces de sécurité ont immédiatement bouclé la zone.
«Cette agression ne restera pas sans réponse»
La télévision des rebelles, Al-Massirah, avait annoncé samedi soir qu’une «attaque américano-britannique» avait visé le district de Shououb dans le nord de Sanaa, ainsi que Saada, fief des rebelles dans le nord du Yémen. Londres n’a pour l’heure pas annoncé avoir lancé de frappes.
Les Etats-Unis ont mené «une action militaire décisive et puissante» contre les Houthis au Yémen, a annoncé Donald Trump dans la foulée des frappes. «Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif», a-t-il prévenu. Il s’agit des premières frappes américaines contre les Houthis depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier.
Les Houthis ont averti que «cette agression ne restera pas sans réponse». «Nos forces armées sont prêtes à répondre à l’escalade par l’escalade», a menacé le bureau politique des rebelles dans un communiqué diffusé sur Al-Massirah. Ces frappes interviennent alors que les Houthis ont fait part le 11 mars de leur intention de reprendre les attaques qu’ils menaient depuis plus d’un an au large du Yémen contre des navires de commerce qu’ils estiment liés à Israël.
«Nous ne vous ferons pas de cadeau !»
Ces rebelles, qui soutiennent le Hamas à Gaza, ont souligné que cette décision avait été prise après le refus d’Israël de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Gaza dévastée par quinze mois de guerre. «Vos attaques doivent cesser à partir d’aujourd’hui», a lancé Donald Trump au sujet des «terroristes houthis», auxquels il a promis «l’enfer».
Le président américain a également adressé un message à l’Iran : «Ne menacez pas le peuple américain, leur président […] ou les routes maritimes mondiales. Et si vous le faites, attention, parce que l’Amérique vous en tiendra totalement responsable et nous ne vous ferons pas de cadeau !»
Géopolitique
«L’Iran ne cherche pas la guerre, mais si quelqu’un le menace, il donnera des réponses appropriées, résolues et définitives» à toute attaque, a assuré à la télévision d’Etat le général iranien Hossein Salami. «Le gouvernement américain n’a aucune autorité et aucun droit de dicter la politique étrangère de l’Iran», a quant à lui répondu sur X le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, appelant à «cesse[r] de tuer le peuple yéménite». Dans un communiqué de la diplomatie iranienne, Téhéran a également «condamn[é] fermement les frappes aériennes barbares menées par les Etats-Unis» et déploré des «dizaines de morts et de blessés», dont des «femmes et enfants yéménites innocents». Les Houthis font partie de ce que l’Iran appelle «l’axe de la résistance» face à Israël, qui comprend également le Hamas et le Hezbollah libanais.
Saluant le «soutien» apporté par les Houthis au peuple palestinien dans la bande de Gaza, le Hamas a aussi condamné samedi, dans un communiqué, «l’agression aérienne américano-britannique», la qualifiant de «violation flagrante du droit international».
«Organisation terroriste»
A partir de novembre 2023, les Houthis ont mené des attaques au large du Yémen contre des navires qu’ils estimaient liés à Israël, mais aussi aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Les Houthis avaient cessé le 19 janvier leurs attaques, après l’entrée en vigueur d’une trêve fragile à Gaza. Ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens à Gaza depuis quinze mois et le début de la guerre entre le Hamas et Israël, déclenchée par une attaque terroriste sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Les attaques contre les navires ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni.
Selon le porte-parole du Pentagone, Sean Parnell, les Houthis ont «attaqué des navires de guerre américains 174 fois et des navires commerciaux 145 fois depuis 2023». Début mars, les Etats-Unis ont classé les Houthis «organisation terroriste étrangère», après la signature d’un décret en ce sens par Donald Trump.
Mis à jour ce dimanche 16 mars à 8 h 27 avec davantage de précisions.