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Libération
Vu de Buenos Aires

Argentine : les locataires sous pression de la dérégulation voulue par Javier Milei

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La libéralisation à marche forcée imposée par le président argentin a déjà fait exploser les prix de l’immobilier. De quoi faire monter la colère avant une grève générale prévue ce mercredi 24 janvier.
Lors d'une manifestation contre le nouveau gouvernement du président argentin Javier Milei, devant le Congrès à Buenos Aires, le 10 janvier. (Matias Baglietto/Reuters)
par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 24 janvier 2024 à 5h48

Le hall de la Fédération des locataires organisés est bien trop petit pour accueillir la centaine de personnes venues à son assemblée, mues par une angoisse palpable. Moins d’un mois après l’abrogation de la loi encadrant les loyers décidée par le président ultralibéral Javier Milei, les témoignages s’y succèdent : «Mon contrat se termine dans une semaine et seulement hier, le propriétaire m’a annoncé que pour le renouveler, il m’augmenterait de plus de 400 %, souffle Graciela, faisant visiblement des efforts pour que sa voix ne se brise pas. Ce qui représente 90 % de mon salaire de prof. Je donne aussi des cours du soir mais ça ne va pas suffire. En si peu de temps, comment trouver un autre logement pour moi et mes deux enfants ?»

Nestor est plus combatif : cet ingénieur retraité de 83 ans empoigne le micro avec fougue : «Je vis depuis trente ans dans le même appartement et j’ai toujours payé rubis sur l’ongle. Il y a deux semaines, l’agence immobilière ne m’a renouvelé mon contrat que pour trois mois, en triplant le prix et en me disant : après on verra. J’envisage de l’occuper illégalement