Menu
Libération
Chronologie

50 ans du génocide cambodgien : une terreur totalitaire de trois ans, huit mois et vingt jours

Article réservé aux abonnés
Génocide cambodgien par les Khmers rougesdossier
En prenant le pouvoir le 17 avril 1975, les Khmers rouges de Pol Pot ont verrouillé le pays pour refonder une nouvelle société, rééduquer le «peuple nouveau» et éliminer les «déchus». Une utopie meurtrière absolue qui a provoqué la mort de près de deux millions de personnes.
A l'arrivée des Khmers rouges à Phnom Penh, la capitale cambodgienne, le 17 avril 1975, les armes sont réquisitionnées. (Roland Neveu/Getty Images)
publié le 9 avril 2025 à 16h33

Une longue et fratricide guerre civile a précédé la terreur des Khmers rouges au Cambodge. Elle éclate le 18 mars 1970 après le coup d’Etat du général Lon Nol et la destitution du prince Norodom Sihanouk. Le père de l’indépendance appelle alors à la résistance et s’allie à ses anciens adversaires communistes qu’il a ardemment combattus depuis les années 1960 : les Khmers rouges, comme il les a lui-même dénommés. Après des années dans le maquis, ces hommes habillés en noir, inspirés et soutenus par la Chine, font main basse sur le royaume.

Le 17 avril 1975 au matin, des milliers d’entre eux convergent et s’emparent de Phnom Penh. Le régime de Lon Nol s’effondre. L’année zéro commence ce jour-là. Les Khmers rouges ordonnent à la population de quitter les villes. Ils vident la capitale, qui compte alors au moins deux millions d’habitants, et forcent tous les Cambodgiens à gagner les campagnes. Il n’y a plus dès lors que deux catégories de population : le peuple ancien et authentique, regroupant des paysans et des habitants des zones occupées par les Khmers rouges dès 1970, et le peuple nouveau (ce sont les «17 avril»), qui doit être rééduqué et purifié car contaminé par «l’esprit et l’impérialisme bourgeois». La catégorie des déchus (opposants politiques rattachés à l’ancien régime de Lon Nol, propriétaires fonciers, grande