Pour la professeure Ji Hye-bok, tout a commencé le 25 mai 2023 par un plat de tteokbokki. En partageant ce jour-là ces gâteaux de riz baignant dans la sauce épicée avec trois élèves, elle reçoit une confession qui la révolte : depuis deux ans et leur entrée dans un collège de Séoul, elles subissent un harcèlement sexuel constant de la part de leurs camarades masculins. «Ils notaient leurs corps, ils évaluaient la longueur de leurs jambes, au point que les filles évitaient de prendre les mêmes escaliers que les garçons», raconte-t-elle.
Rencontrée début avril, Ji Hye-bok, bonnet rose vissé sur la tête, recevait dans une tente située juste devant la porte Gwanghwamun à Séoul, au cœur des manifestations illimitées exigeant le départ de l’ex-président Yoon Suk-yeol. Dans ce petit village improvisé, où l’on pouvait croiser tout ce que la Corée du Sud compte de mouvements de gauche, le comité de soutien de la professeure avait établi son petit QG. Arborant presque toujours un discret sourire, Ji Hye-bok s’excuse d’interrompre brièvement l’entretien pour répondre aux sollicitations : quelques militants venus d’Ulsan, une ville industrielle située à 300 km au sud-est de Séoul, veulent la rencontrer et se ren