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En Corée du Sud, la lutte solitaire d’une enseignante : «80 % des filles disent avoir subi du harcèlement sexuel»

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Pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel subi par des collégiennes, Ji Hye-bok a été mise au ban du système éducatif sud-coréen. L’affaire montre le conservatisme de l’institution, qui peine à mettre en place un programme de sensibilisation aux violences sexuelles.
L’école sud-coréenne a connu son #MeToo en 2018-2019, le gouvernement a alors édicté et distribué un manuel de prévention des violences sexuelles. (Plan Shoot / Imazins/Getty Images)
par Arthur Laffargue, correspondant à Séoul
publié le 9 avril 2025 à 15h50

Pour la professeure Ji Hye-bok, tout a commencé le 25 mai 2023 par un plat de tteokbokki. En partageant ce jour-là ces gâteaux de riz baignant dans la sauce épicée avec trois élèves, elle reçoit une confession qui la révolte : depuis deux ans et leur entrée dans un collège de Séoul, elles subissent un harcèlement sexuel constant de la part de leurs camarades masculins. «Ils notaient leurs corps, ils évaluaient la longueur de leurs jambes, au point que les filles évitaient de prendre les mêmes escaliers que les garçons», raconte-t-elle.

Rencontrée début avril, Ji Hye-bok, bonnet rose vissé sur la tête, recevait dans une tente située juste devant la porte Gwanghwamun à Séoul, au cœur des manifestations illimitées exigeant le départ de l’ex-président Yoon Suk-yeol. Dans ce petit village improvisé, où l’on pouvait croiser tout ce que la Corée du Sud compte de mouvements de gauche, le comité de soutien de la professeure avait établi son petit QG. Arborant presque toujours un discret sourire, Ji Hye-bok s’excuse d’interrompre brièvement l’entretien pour répondre aux sollicitations : quelques militants venus d’Ulsan, une ville industrielle située à 300 km au sud-est de Séoul, veulent la rencontrer et se ren