C’est un accord que Chris Lang n’était pas censé lire. Mais une fuite sur le site communautaire Reddit en décembre dernier a permis à ce diplômé d’Oxford en foresterie et chercheur indépendant de découvrir ce texte signé en secret par la firme singapourienne Hoch Standard et le ministre en chef adjoint de l’Etat de Sabah (Bornéo, côté malaisien).
Le document autorise la société à disposer 2 millions d’hectares de forêts, ce qui correspond à la moitié des ressources forestières de l’Etat. La durée d’exploitation donne le vertige : un siècle exactement, renouvelable une fois. Jusqu’en 2222 donc, Hoch Standard pourrait commercialiser une partie de la capture du carbone et d’autres ressources naturelles en échange d’une aide à la protection de l’environnement, en empêchant notamment ces terres d’être déboisées ou dégradées.
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Des contrats de ce type, Chris Lang en lit depuis plus de dix ans. Mais celui-là le surprend : «Une pareille exploitation de 2 millions d’hectares pendant deux cents ans, je n’ai jamais vu ça. Surtout par une société inconnue, créée en 2019 et avec aucun antécédent dans la conservation des écosystèmes. Par ailleurs, normalement, quand on prévoit de vendre des crédits carbones, il faut des certifications pour en mesurer la quantité produite, il n’en est jamais mention ici.»
Forêts déjà protégées
Quand Adrian Lasimbang, conseiller technique de l’ONG Réseau des peuples Indigènes de Malaisie, a lui pris connaissance de ces 35 pages, c’est également l’absence de certains termes qui