Il encourt la prison à vie. Derrière les barreaux depuis 2020, Jimmy Lai a plaidé non coupable ce mardi 2 janvier pour chacun des trois chefs d’accusation retenus contre lui dans son procès pour atteinte à la sécurité nationale à Hongkong. Depuis le box des accusés, l’homme d’affaires hongkongais de 76 ans, de nationalité britannique et taïwanaise, s’est exprimé entouré de trois gardes, arborant une chemise blanche et une veste bleu marine, muni d’écouteurs pour mieux suivre l’audience, a détaillé son avocat.
Emblème de la liberté de la presse, Jimmy Lai est accusé de «conspiration en vue de collusion avec des puissances étrangères» et de «collusion», en vertu de la drastique loi hongkongaise sur la sécurité nationale, imposée par Pékin en 2020. Deux chefs d’accusation extrêmement graves aux yeux des autorités et pour lesquels il encourt la prison à vie. Les procureurs ont précisé ce mardi qu’ils abandonnaient l’accusation de «collusion», celle-ci étant déjà couverte par l’accusation de «conspiration en vue de collusion».
Interview
Fondateur de l’Apple Daily – quotidien prodémocratie et critique du régime fermé en 2021 –, Jimmy Lai a également été inculpé de «conspiration en vue de produire des documents séditieux». Une infraction prévue par une loi datant de l’époque coloniale, mais considérée comme un chef d’inculpation moins grave car elle est assortie d’une peine d’emprisonnement plus courte en cas de condamnation. A ses côtés, plusieurs autres anciens responsables de l’Apple Daily sont aussi poursuivis.
Une «parodie de justice»
Le procès de Jimmy Lai, qui s’est ouvert le 18 décembre, doit se dérouler en audience publique au cours des 80 prochains jours. Très médiatisé, il devrait permettre d’évaluer le niveau actuel des libertés civiles à Hongkong, ainsi que l’autonomie de la justice vis-à-vis de Pékin. «Je ne me fais aucune illusion sur l’indépendance du système judiciaire de Hongkong», avait toutefois lâché Sébastien Lai, le fils de l’opposant politique, lors de l’ouverture du procès.
Pour celui-ci, trois juges ont été nommés par le chef de l’exécutif de Hongkong. Il n’y aura pas de jury populaire. Les autorités, elles, ont déployé un important dispositif de sécurité autour du tribunal, afin de dissuader toute personne qui souhaiterait manifester. Des mesures vivement critiquées par plusieurs ONG de défense des droits humains, qui ont dénoncé une «parodie de justice».
La communauté internationale, de son côté, a exprimé son inquiétude quant au sort de Jimmy Lai. Le Royaume-Uni – dont l’opposant est citoyen –, ainsi que les Etats-Unis ont appelé à la libération du patron de presse, alors que l’Union européenne a dénoncé un procès qui «sape la confiance dans l’Etat de droit» à Hongkong. Des critiques aussitôt balayées par Pékin, qui a crié à la diffamation et à l’ingérence.