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Libération
C'est quoi le plan ?

«A la fois un port et un pont» : en Chine, des barges spéciales pour faciliter une invasion de Taiwan ?

L’armée chinoise procède, selon les informations publiées ce mardi 1er avril par le «New York Times» , à des exercices en mer impliquant des navires à fond plat qui pourraient former un quai propice à un débarquement massif d’armes et de troupes sur l’archipel.
Un garde chinois sur l'Île Pingtan, le point le plus proche entre la Chine et Taiwan, ce mercredi 2 avril. (Hector Retamal/AFP)
publié le 2 avril 2025 à 20h00

Des navires reliés par des ponts qui formeraient une gigantesque plateforme de débarquement de troupes et de véhicules militaires. Tel pourrait être le plan de Pékin pour envahir un jour l’archipel de Taiwan, que la Chine revendique depuis 1949 et contre lequel elle menace régulièrement d’employer la force. Cette semaine encore, une nouvelle série d’exercices militaires de grande ampleur a eu lieu en mer. Selon des informations publiées ce mardi 1er avril par le New York Times, qui s’appuie sur l’analyse d’images satellites, l’armée chinoise aurait aussi effectué ces dernières semaines, au large de Guangzhou, dans le sud du pays, des manœuvres impliquant trois nouvelles barges spéciales. Ces longs navires à fond plat s’entraînaient avec des cargos et des ferries susceptibles de transporter hommes et armes.

La fabrication de ces barges avait été révélée au mois de janvier par le site spécialisé Naval News. Des images de ces constructions avaient même été publiées sur les réseaux sociaux chinois, avant d’en être rapidement retirées. Mi-mars, le régime avait présenté publiquement ses nouveaux navires à travers une émission diffusée sur la chaîne d’Etat CCTV. Le présentateur, Wei Dongxu, avait suggéré que les barges pourraient être utilisées dans le cadre d’une attaque contre Taiwan. «Cet équipement est à la fois un pont et un port», avait-il déclaré.

Les barges s’étendent sur plus de 800 mètres

Concrètement, les barges sont des bateaux équipés de pieds rétractables et solides qui sont abaissés une fois que l’engin est en position, pour le fixer et le protéger des vagues. Ils disposent aussi d’une tour, à l’avant, qui permet de déployer un pont pour relier plusieurs embarcations entre elles, de manière à former un quai propice à un débarquement massif. Contacté par CNN, fin mars, le ministère de la Défense avait confirmé que son dispositif était conçu avec «une rampe extensible pour servir de quai de fortune, permettant le déchargement rapide des chars de combat principaux et de divers véhicules en soutien aux opérations amphibies». Mises bout à bout, avec les ponts déployés, les trois barges chinoises s’étendent sur plus de 800 mètres. Un tel dispositif pourrait offrir à la Chine un avantage stratégique considérable dans la perspective d’une attaque contre Taiwan.

Le détroit qui sépare le continent de Taiwan est agité par des courants importants, et les Etats-Unis pourraient intervenir en soutien du régime du président William Lai. Les barges permettraient à Pékin d’envisager un débarquement par la côte est de Taiwan pour éviter la côte ouest, fortement sécurisée. «Ces barges ouvriront de nouveaux points d’acheminement de troupes et de matériel pour Xi Jinping», explique au New York Times Jason Wang, directeur des opérations d’ingeniSPACE, une société spécialisée dans l’analyse des images satellites, notamment relatives à l’armée chinoise. Selon cet expert, un nouvel ensemble de barges serait en construction au chantier naval de Guangzhou.