Sur leurs visages, la lassitude d’une vie passée à fuir. Une jeune femme, un bébé accroché à son sein, semble désorientée. Elle dit qu’elle s’est enfuie de son village, Htee Htaw Talay, à quelques heures de marche – mais elle assure que le trajet a duré des jours –, avec ses quatre enfants et une casserole, dans laquelle ils mangent tous ensemble un peu de riz et de maïs, offert par les villageois qui les accueillent. «On a entendu des explosions, tout le monde s’est mis à crier et à courir. J’ai rassemblé mes enfants, et on a couru nous aussi.»
Dans l’Etat Karen, du côté birman de la rivière Moei, qui marque la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, au moins 10 000 déplacés de l’intérieur, majoritairement des Karens, l’une des nombreuses ethnies du pays, ont afflué ces dernières semaines pour échapper aux frappes aériennes et tirs d’artillerie de l’armée. Depuis des mois, les soldats rebelles des différents groupes armés karens livrent un combat sans merci à la junte et revendiquent la mort de centaines de soldats birmans. «Les Birmans ne veulent plus de combat terrestre contre les Karens, qui connaissent bien mieux le terrain, affirme Saw Taw Nee, en charge des affaires étrangères de l’Union nationale karen (KNU, une organisation politique qui milite pour l’autonomie de l’Etat). Dorénavant ils utilisent les frappes aériennes, pour tuer sans distinction, nous éradiquer.»
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