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Philippines

A Manille, la fermeture des classes pendant la pandémie a accouché d’une «catastrophe pédagogique»

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A peine rouvertes, les écoles des Philippines mesurent les effets de deux ans de cours à distance, notamment sur les plus jeunes et les plus pauvres. Des millions d’enfants ont dû travailler pendant la crise sanitaire pour aider leurs familles et ont définitivement abandonné leur scolarité.
Des élèves de l'école élémentaire Pedro-Guevara à Manille, s'apprêtent à entonner l'hymne national lors d'une cérémonie de lever de drapeau, le 22 août, jour de la réouverture des classes aux Philippines. (Maria Tan /AFP)
par Ismaël Bine, Correspondant à Manille (Philippines)
publié le 29 août 2022 à 5h45

Une foule de bambins en uniformes bleu ciel s’entasse devant la grille jaune poussin de l’école élémentaire Francisco-Benitez, coincée dans une ruelle de Makati (métropole de Manille). De ses grands yeux d’enfants, une fille brune aux cheveux lisses fixe le panneau, de la taille d’une affiche publicitaire, posté à l’entrée. Dessus, des pictogrammes rappellent les gestes barrière à respecter dans l’établissement : désinfection et lavage réguliers des mains, prise de température en entrant et en sortant, port du masque en toutes circonstances, distanciation sociale. Ici, le protocole sanitaire est strict.

Les enfants – de 6 à 11 ans – s’y soumettent pourtant volontiers depuis la reprise des cours en présentiel le 22 août. «Ces obligations sont un moindre mal, relativise la directrice, Salvacion Miranday, 56 ans, arrivée à ce poste en pleine pandémie. C’est juste une nouvelle routine à adopter.» Après deux ans de cours à distance, forcés par la crise sanitaire, Salvacion Miranday se veut rassurante. «Les petits sont contents de revenir en classe, de pouvoir être ensemble malgré toutes les règles imposées.» L’archipel est l’un des derniers pays au monde à reprendre les cours en présentiel à plein temps.

Une tâche insurmontable

Mais cet optimisme de façade cache une vérité constatée dans toutes les écoles du pays : l’ampleur des dégâts causés par ces années perdues. «Des enfants de 8 ou 9 ans sont incapables de lire, s’attriste une professeure sous couvert d’anony