Dans une petite maison du quartier résidentiel de North Dagon, à Rangoun, Paing (1) boit son café en écoutant attentivement le récit d’AJ, sur le canapé en face de lui. Entre les deux hommes, un cocktail Molotov est posé sur la table. La voix neutre, AJ raconte la formation progressive de son escouade de défense et d’attaque qui protège les manifestants de son quartier depuis des semaines contre la répression armée. Paing a les yeux qui brillent. «Ça fait du bien de savoir que je ne suis pas seul avec ma colère», explique-t-il.
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Lorsque les manifestations ont commencé, Paing a été parmi les premiers à rejoindre la rue. Les chants des cortèges à travers la ville, les face-à-face tendus au carrefour de Hledan, les charges de police du centre-ville, les barricades détruites au bulldozer à Sanchaung, les tirs de balles en caoutchouc autour de l’hôpital de South Okkalapa… Le jeune chauffeur de taxi a suivi les fluctuations de la contestation populaire depuis ses débuts, poussé par sa détermination à se battre pour la démocratie, et par sa femme, Wine, militante dans l’âme bloquée à la maison pour s’occuper de leur fille de 2 ans.
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La répression brutale a poussé la majorité des manifestants pacifiques à continuer leur révolution derrière les murs de leur maison, mais pour un noyau dur, constitué