Dans une petite pièce du centre associatif de Taipei, deux corps inanimés gisent au sol. Sur leurs flancs, une femme et deux hommes s’activent pour nouer un garrot et identifier d’éventuelles blessures. L’un d’entre eux porte un fusil-mitrailleur, alors qu’une grenade non dégoupillée repose sur une table. «Il faut rester attentifs aux tirs ennemis», alerte un homme en treillis militaire, pistolet à la ceinture. Soudain, la porte s’ouvre avec fracas. «On ferme dans dix minutes», lance nonchalamment un agent de sécurité, peu étonné par la scène.
La séquence n’est qu’un des exercices organisé par le collectif citoyen Maidike, dans le cadre de sa formation aux premiers secours proposée depuis le début de l’année. Basé sur des préceptes de l’armée américaine, l’atelier possède une particularité : des accessoires à la théorie, tout est pensé pour simuler les conditions d’un champ de bataille. «Au départ, nos formations de premiers secours n’étaient pas forcément tournées vers des situations de guerre, raconte Chen Bohand, ancien capitaine de l’armée taiwanaise et responsable du collectif Maidike. Mais avec l’invasion russe en Ukraine, et les tensions grandissantes entre Taiwan et la Chine