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Libération
Poubelle la vie

A Taïwan, un couple fait sa photo de mariage devant des ordures pour dénoncer la pollution

A quelques mois de son mariage, un couple taïwanais pose devant une montagne d’ordures en tenue de cérémonie pour alerter ses invités et la population sur leur production de déchets.
Iris Hsueh (à gauche) et son fiancé Ian Ciou devant une colline d'ordures dans le canton de Puli, le 14 octobre. (AFP)
publié le 21 octobre 2023 à 12h04

Un faire-part pas comme les autres. A quelques mois de son mariage, un couple taïwanais pose devant une montagne d’ordures, lui vêtu d’un smoking et elle d’une robe blanche de cérémonie. Une façon d’envoyer un message, alors que la mariée, Iris Hsueh, est une militante de Greenpeace. Le couple espère ainsi décourager ses invités de produire des déchets inutiles : pour leur «mariage écologique» prévu en janvier prochain, ils ont demandé à leurs invités de venir avec leurs propres récipients pour emporter les restes alimentaires.

Décidant que montrer - et non pas dire - était une méthode de communication plus efficace, le couple basé à Taipei a fait trois heures de route pour une séance photo dans la commune de Puli (centre), où la quantité de déchets apportés à la décharge locale n’a cessé d’augmenter au fil des années. «Si un invité n’est pas disposé à apporter un récipient, je lui montre la photo et lui demande de reconsidérer sa décision», explique la jeune femme de 33 ans, ajoutant que les photos avaient fini par attirer l’attention des médias locaux.

50 tonnes d’ordures par jour

Taïwan, une île autonome de 23 millions d’habitants, dispose d’un programme de recyclage depuis 1987. Plus de 50 % des déchets ménagers sont traités par ce système, ce qui représente l’un des taux les plus élevés au monde.

Mais Chen Chun-hung, responsable de l’équipe d’assainissement de la commune de Puli, a observé que la quantité d’ordures avait augmenté de façon spectaculaire : d’environ 20 tonnes par jour dans les années 1980 à quelque 50 tonnes aujourd’hui. «Notre population diminue, mais la quantité d’ordures augmente chaque année», relève-t-il.

La décharge de Puli était à l’origine un parking pour les camions à ordures, et son utilisation comme site de stockage des déchets devait être «temporaire», explique encore Chen Chun-hung, mais elle fonctionne maintenant depuis trois ans. «Il y a deux ans, c’était haut (comme un immeuble de cinq ou six étages) et l’odeur était encore pire. Il était devenu insupportable de travailler ici», raconte-t-il. Pour lui, les actions du couple sont «significatives» : «Les jeunes sont très créatifs par rapport à nous, les plus âgés.»

Depuis que leurs photos sont devenues virales, Iris Hsueh assure que ses amis et ses proches ont promis de réfléchir à la quantité de déchets qu’ils produisaient dans leur vie quotidienne. Et pour le grand jour, qu’attend la mariée ? «J’espère voir tout le monde avec un récipient.»