La plateforme australienne Kick a accusé jeudi le gouvernement français de «tirer parti» de la mort du streameur Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, après la démarche judiciaire envisagée par la ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz.
«Nous sommes déçus d’apprendre que les médias ont été informés des démarches de la ministre avant Kick. Cela suggère qu’il ne s’agirait pas de la protection des créateurs, ni de celle des clients ou du bien-être de l’industrie, mais plutôt d’un discours politisé qui tirerait parti d’une perte individuelle tragique», écrit la plateforme dans un communiqué.
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Jean Pormanove – Raphaël Graven de son vrai nom – est mort lors d’un direct de douze jours diffusé par la plateforme, où il faisait l’objet de nombreuses humiliations et violences filmées depuis un local situé à Contes, près de Nice.
Mardi, Clara Chappaz a annoncé son intention d’attaquer en justice Kick pour «manquement face à la loi». «Kick n’a pas fait tout ce qui était possible pour pouvoir mettre fin à la diffusion de contenu qui était dangereux», a déclaré la ministre, reprochant à la plateforme d’avoir enfreint la loi sur la confiance dans l’économie numérique de 2004. Le même jour, la procureure de Paris a fait part de l’ouverture d’une enquête sur les pratiques de la plateforme de streaming, en plus de celle déjà menée par le parquet de Nice pour éclaircir les circonstances de la mort en direct du streamer.
Le gouvernement a dit son intention d’assigner Kick «devant le tribunal judiciaire sur le fondement de l’article 6-3 de la loi sur la confiance dans l’économie numérique». Le texte permet à la justice de faire cesser un dommage occasionné par la diffusion en ligne d’un contenu, ou d’imposer que des mesures soient prises pour prévenir ce dommage.
75 modérateurs
«Nous sommes surpris par les messages communiqués par le gouvernement au sujet de Kick», a déclaré la plateforme australienne dans son communiqué : «Nous coopérons pleinement avec les autorités françaises depuis des mois. Nous n’avons jamais reçu de demande de suppression de contenu ou de suspension de comptes que nous aurions refusée». «Nous n’avons jamais essayé et n’essaierons jamais de nous soustraire à nos obligations réglementaires ou de les nier», est-il encore écrit dans ce communiqué.
La plateforme y détaille le processus de modération de ses contenus, assurant appliquer «une politique de tolérance zéro pour certains comportements» : «Pas de contenu pédopornographique, pas de discours haineux, pas de doxing [la divulgation d’informations personnelles exposant autrui à un risque, ndlr], pas de pornographie ou de nudité, pas de gore, pas d’incitation ou d’apologie du terrorisme ou de l’extrémisme.» Elle ne dispose cependant que de 75 personnes pour assurer la modération, dont aucune ne parle français, avait reproché vendredi la ministre.