Menu
Libération
Départ

Afghanistan : la France a mis fin à son opération d’évacuations

Comme il était prévu, l’armée française a mis fin au pont aérien qui avait été mis en place à l’aéroport de Kaboul pour exfiltrer les ressortissants et les Afghans menacés par les talibans. Près de 3 000 personnes ont pu quitter le pays en près de deux semaines.
Des Français et des Afghans attendaient pour embarquer dans un appareil de l'armée française, le 17 août à l'aéroport de Kaboul. (STR/AFP)
publié le 28 août 2021 à 8h29

La France a mis fin ce vendredi soir à son pont aérien pour évacuer des Afghans menacés par les talibans de Kaboul vers Paris, ont annoncé la ministre des Armées et le chef de la diplomatie française. «L’opération Apagan, déclenchée le 15 août à la demande du Président de la République, a pris fin ce soir», a écrit Florence Parly sur les réseaux sociaux. Avant même l’attentat à l’aéroport, qui serait l’œuvre d’un seul terroriste, Jean Castex avait déjà fait savoir que les rotations françaises prendraient fin ce vendredi soir.

Près de 3 000 personnes, dont une centaine de ressortissants français et plus de 2 600 Afghans menacés pour avoir travaillé pour la France ou pour leur engagement en faveur des droits humains, ont été évacuées, a précisé l’état-major des Armées. Au total, l’armée française a assuré 26 rotations entre Kaboul et la base aérienne 104 d’Abou Dhabi, pivot du dispositif, et 16 vols entre Abou Dhabi et Paris.

Ce pont aérien a dû être interrompu «les conditions de sécurité n’étant plus remplies sur l’aéroport» de Kaboul en raison du «désengagement rapide des forces américaines» qui auront quitté l’Afghanistan le 31 août, ont ajouté Florence Parly et Jean-Yves Le Drian dans un communiqué commun.

«Efforts» pour ceux laissés sur place

«L’équipe de l’ambassade de France à Kaboul a rejoint Abou Dhabi avant de regagner la France», ont-ils ajouté, en remerciant «diplomates, militaires, policiers et l’ensemble des services de l’Etat» qui se sont mobilisés «sans relâche» pour permettre ces évacuations. L’ambassadeur de France en Afghanistan, David Martinon, continuera à opérer depuis Paris, avait indiqué jeudi le président Emmanuel Macron.

La France, qui appelle à la mise en place d’opérations humanitaires pour permettre aux milliers d’Afghans qui n’ont pas réussi à être évacués de partir par d’autres moyens, a annoncé qu’elle allait poursuivre des discussions en ce sens avec les talibans.

«Nos efforts continuent […] Nous poursuivrons à cet effet nos efforts engagés auprès des responsables taliban pour garantir qu’ils ne mettront aucune entrave après le 31 août au départ de ceux qui le souhaiteront», ont relevé les deux ministres.

Une délégation française a rencontré jeudi à Doha des représentants des talibans pour la première fois depuis qu’ils ont pris le pouvoir en Afghanistan le 15 août. Ces discussions ont porté sur la situation à l’aéroport de Kaboul et les opérations d’évacuations, selon les deux parties.

Les talibans assurent que toute personne en possession de documents légaux pourra voyager à l’étranger et que l’aéroport civil va être rouvert pour permettre la reprise des vols internationaux.

Garanties

Si elle a engagé ce dialogue, la France exclut toutefois des «discussions politiques» et une reconnaissance des talibans tant qu’un certain nombre de conditions ne seront pas réunies. Elle réclame notamment la garantie pour tous ceux qui le souhaitent de pouvoir quitter leur pays, l’engagement à ne pas laisser l’Afghanistan redevenir un sanctuaire du terrorisme islamiste et la mise en place d’un gouvernement élargi à d’autres composantes politiques.

«La vie diplomatique et les relations internationales, c’est parfois choisir entre de mauvaises options pour défendre au mieux ou le moins mal possible des intérêts et des valeurs», a toutefois relevé vendredi le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément Beaune.