Deux soldats ont été tués et un autre blessé mercredi lors d’une fusillade dans un centre de tir de l’armée japonaise à Gifu (centre du Japon). «Au cours d’un exercice à balles réelles dans le cadre de l’entraînement de nouvelles recrues, un candidat aux Forces d’autodéfense a tiré sur trois personnes», a déclaré dans un communiqué la Force terrestre d’autodéfense japonaise, qui a confirmé plus tard la mort de deux soldats. L’auteur présumé, qui était une nouvelle recrue, a été rapidement arrêté. Selon un porte-parole de la police locale, le suspect a «tiré avec un fusil» avec «l’intention de tuer».
Le meurtrier présumé était une nouvelle recrue de 18 ans qui avait rejoint l’armée en avril, a précisé lors d’une conférence de presse le commandant de la Force terrestre d’autodéfense, Yasunori Morishita. Ce drame «est absolument impardonnable pour une organisation chargée de manipuler des armes, et je le prends très au sérieux», a-t-il déclaré. Les trois victimes étaient chargées d’initier au tir les nouvelles recrues, dont l’assaillant présumé, qui a été maîtrisé et arrêté par d’autres militaires sur place.
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Le centre de tir où se sont déroulés les faits, une installation couverte s’étendant sur plus de 65 000 m², est géré par les Forces japonaises d’autodéfense.
Série d’attaques au Japon
Les crimes violents sont rares au Japon, où la législation sur les armes à feu est extrêmement restrictive. Et le général Morishita a précisé mercredi qu’à sa connaissance, le précédent fait de violence par arme à feu causé par un membre de la Force terrestre d’autodéfense remontait à 1984.
Cependant plusieurs attaques ont récemment ébranlé l’archipel, à commencer par le meurtre en juillet dernier de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, tué par une arme à feu artisanale lors d’un discours de campagne électorale.
En avril dernier, le Premier ministre en exercice Fumio Kishida a lui été visé par un engin explosif artisanal, également lors d’un événement électoral. Il en était sorti indemne mais deux autres personnes avaient été légèrement blessées.
Mauvaise réputation de l’armée
Les forces de l’ordre japonaises sont sur les dents depuis ces retentissantes attaques contre des personnalités politiques. Des milliers de policiers avaient ainsi été déployés lors du sommet des dirigeants du G7 organisé à Hiroshima (ouest du pays) le mois dernier. Fin mai, un forcené avait par ailleurs tué quatre personnes, dont deux policiers, lors d’une attaque au couteau et au fusil de chasse à Nagano (centre du pays).
Le drame de Gifu survient alors que l’armée japonaise, qui a toujours du mal à asseoir sa légitimité dans un pays doté d’une Constitution pacifiste depuis l’après-guerre, est confrontée à des difficultés de recrutement chroniques. Son image est par ailleurs écornée depuis un an par des révélations d’agressions sexuelles dans ses rangs. Ce qui ne facilite pas la tâche du gouvernement nippon qui souhaite doubler le budget de la défense pour le porter autour de 2 % du PIB national d’ici à 2027 afin de faire face aux tensions géopolitiques grandissantes en Asie Pacifique.