Quand un conflit dure depuis soixante-quatorze ans, l’ennemi finit parfois par changer de visage. Séoul, toujours techniquement en guerre avec son voisin de péninsule, puisqu’aucun traité de paix n’a été signé, doit faire face depuis quelques années à un nouvel adversaire : la chute vertigineuse de sa natalité, qui pourrait ravager les rangs de son armée. A moins d’inverser miraculeusement la tendance, la Corée du Sud va devoir s’adapter. A l’heure actuelle, elle compte près de 500 000 soldats, soit moins de la moitié des effectifs nord-coréens (entre 1,1 et 1,2 million selon les estimations). Les 300 000 conscrits, des jeunes hommes de 19 à 35 ans qui doivent servir au minimum dix-huit mois, représentent la majorité des forces armées, le reste étant composé de militaires de métier.
Mais ce chiffre va être mathématiquement impossible à maintenir. En 2023, le nombre de naissances dans le pays n’était que de 230 000, dont environ une moitié de garçons, qui seront donc disponibles d’ici une vingtaine d’années pour effectuer leur service militaire. «Nous allons devoir réduire le nombre de soldats», constate Choi Byung-ook, spécialiste des questions de sécurité