D’une voix monocorde à peine perceptible, il reconnaît : «Tout est exact, il n’y a pas d’erreur.» Immédiatement après la lecture par un procureur des chefs d’inculpation qui l’ont conduit jusqu’à cette salle de tribunal d’assises de Nara (centre du Japon), le prévenu Tetsuya Yamagami a admis être le meurtrier de l’ex-Premier ministre japonais Shinzo Abe.
Un peu affalé sur sa chaise, Yamagami a prononcé ces mots assis devant un pupitre face à la cour, de dos pour le public. «Il sait qu’il a foutu sa vie en l’air, mais c’est dommage que, par cette attitude, il donne l’impression inexacte de ne pas s’intéresser au procès», déplore l’essayiste Eito Suzuki, qui a écrit un long ouvrage sur Yamagami.
Six jurés populaires et trois magistrats professionnels vont juger pendant trois mois ce prévenu de 45 ans. Entré dans la petite salle du tribunal menotté, tenu avec une corde à la ceinture par un policier (une pratique humiliante mais appliquée pour tous les accusés détenus), il semblait gêné par l’assistance. Tête légèrement penchée à gauche, cheveux bruns longs noués maladroitement sur la nuque, rouflaquettes fournies, sourcils épais, Yamagami ne ressemble que vaguement à l