Le 28 octobre, plus d’une centaine de milliers de partisans du Bangladesh Nationalist Party (BNP, nationaliste) envahissent les rues de la capitale, Dacca. Cette démonstration de force est l’apogée d’un long mouvement de protestation du principal parti d’opposition du pays, qui vise à obtenir la démission du gouvernement de Sheikh Hasina, figure de l’Awami League, formation laïque de centre gauche. Les opposants veulent notamment que les élections législatives du 7 janvier soient organisées sous une administration neutre, afin d’éviter les fraudes électorales observées dans le passé.
Mais le défilé se transforme rapidement en combats de rue avec la police, ponctués de gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes. Des bus et ambulances sont brûlés et trois personnes décèdent, dont un policier. Chaque camp s’accuse d’avoir provoqué les affrontements, mais le parti au pouvoir a le dernier mot : quelques jours après la manifestation géante, plus de 10 000 partisans du BNP sont arrêtés, dont les plus importants cadres du parti, accusés d’incendies criminels ou de meurtre.
Cette répression démesurée, selon l’ONG Amnesty International, vise en réalité à décapiter la seule force d’opposition. «J’ai été accusée d’incendie criminel alors que je n’ai même pas participé à la manifestation», raconte à Libération Rumeen Farhana, secrétaire adjointe du BNP pour les relations internationales. Si elle est encore en liberté, les principaux cadres du parti sont emprisonnés ou en fu