Menu
Libération
Vu de Tokyo

Au Japon, l’anxiété nourrit la xénophobie

Amplifiée par les réseaux sociaux et une situation économique difficile, une vague de xénophobie s’empare d’une partie de la société japonaise, bien au-delà des traditionnels cercles militants d’extrême droite.

Elina manifeste devant le siège de l’Agence japonaise de coopération internationale. (Karyn Nishimura)
Par
Karyn Nishimura
correspondante à Tokyo
Publié le 06/09/2025 à 11h12

«Les Japonais prennent soin du Japon, protègent le Japon, veulent que le Japon reste le Japon», nous dit d’une voix posée Elina (1). Seule devant le siège de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), cette trentenaire nippone fait résonner dans un haut-parleur l’hymne japonais. Lunettes teintées, masque, casquette et drapeau du Soleil levant en main, Elina ne soutient aucun parti, n’est pas militante d’extrême droite, mais depuis quelques mois, elle affirme ne plus pouvoir rester passive, elle craint pour son pays et ses concitoyens. Une inquiétude qui illustre la pente xénophobe empruntée par une partie des Japonais.

Depuis qu’elle a appris le jumelage de quatre villes japonaises avec des agglomérations d’Afrique dans le cadre du programme «Jica Africa Hometown», Elina redoute l’arrivée en masse d’immigrés. Les autorités nigériennes ont par erreur annoncé à la mi-août que le Japon avait émis des visas spéciaux pour les ressortissants du Nigeria. Bien que rectifiée depuis à la demande de Tokyo, cette boulette, reprise, déformée, accentuée, a amplifié un m