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Libération
Reportage

Au Népal, des femmes défavorisées à la conquête de la haute montagne : «Grimper, c’était symboliquement dépasser mon traumatisme»

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Violences sexuellesdossier
A Katmandou, la «Female Leadership Academy» permet à des victimes de trafic sexuel ou de discriminations de s’émanciper en les formant au métier de guide de haute montagne.
Sangita, Shanti et Ranjita de la Female Leadership Academy s'entraînent sur un mur d'escalade à Katmandou, le 10 janvier 2025. (Izia Rouviller)
par Izia Rouviller et Yohan Châble, envoyés spéciaux à Katmandou
publié le 13 avril 2025 à 8h41

Le documentaire prend fin, le mont enneigé de Ganja La Chuli disparaît. «Des questions ?», lance avec enthousiasme l’alpiniste Shailee Basnet à la vingtaine de Népalaises rassemblées dans une salle de l’Académie du Tourisme de Katmandou. Les regards pétillent d’admiration, les premières mains se lèvent. Les étudiantes brûlent d’en apprendre plus sur ces femmes ordinaires à l’assaut de ce haut sommet du nord du pays. Seront-elles les prochaines à vivre cette épopée ? Shailee Basnet veut les en convaincre.

En 2022, l’athlète de 41 ans a fondé la «Female Leadership Academy», une association qui forme des femmes originaires du district reculé et pauvre de Sindhupalchok au métier exigeant de guide de haute montagne. «Notre principal objectif est de créer des modèles féminins pour la jeune génération», explique Shailee Basnet. Dans ce milieu longtemps réservé aux hommes, elle-même fait figure d’exception en tant que cheffe de file de la première équipe féminine à avoir monté les sept plus hauts sommets de chaque continent.

«Shailee et l’association m’ont aidée à m’en sortir», témoigne Nara (1). Avec quatre autres femmes, elle fait partie d’un groupe pilote lancé en 2014, alors composé exclusivement de victimes de trafic sexuel. Chaque année, des milliers de Népalaises attirées par la promesse d’un travail et d’une éducation rejoi