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Libération
Ascension épidémique

Au Népal, un risque de cluster au pied de l’Himalaya

Le nombre de cas positifs au Covid-19 augmente sur le camp de base de l’Everest, alors que le pays connaît une flambée de contaminations.
Au pied du mont Everest, le 2 mai. (Prakash Mathema/AFP)
publié le 7 mai 2021 à 17h59

D’ordinaire, c’est le mal de montagne qui fait souffrir les plus intrépides des alpinistes lorsqu’ils arrivent sur le camp de base au pied de l’Everest, à près de 5 400 mètres d’altitude. Mais ce printemps, il faut aussi compter avec le Covid qui semble vouloir s’inviter dans l’ascension du plus haut sommet du monde. Plus de 30 alpinistes ont été évacués par hélicoptère ces derniers jours, dont certains ont été testés positifs au coronavirus, selon une clinique de Katmandou qui les a accueillis. Le risque est d’autant plus élevé que l’oxygène manque dans ces ascensions à très haute altitude.

La saison de grimpe devait pourtant faire exploser les records avec plus de 400 permis octroyés à un peu plus de 9 000 euros pièce pour faire l’ascension de l’Everest. Les autorités avaient assoupli les règles de quarantaine pour attirer le plus d’alpinistes possibles et compenser la saison blanche de 2020. Sauf que cette ouverture a coïncidé avec une deuxième vague particulièrement virulente au Népal, qui compte plus de 3 400 morts pour un peu plus de 350 000 contaminations. «Le pays enregistre 57 fois plus de cas qu’au même moment le mois dernier», alertait ce jeudi la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Le Népal semble suivre le chemin catastrophique de son voisin indien. Ce qui, avec un système hospitalier encore moins efficace que le géant du Sud, risque d’avoir des conséquences humanitaires effroyables.

«Je pense que je ne suis pas le seul malade»

Toujours est-il que pour les autorités, l’Himalaya n’est pas concerné par cette flambée épidémique. Selon le chef du département du tourisme du Népal, Rudra Singh Tamang, «il y a peu de chances qu’une épidémie se déclare au camp de base» étant donné que «tout le monde est très prudent». D’après le responsable, les évacués «se sont révélés positifs à Katmandou». Impossible selon lui de savoir s’ils ont effectivement été contaminés au camp de base, étant donné qu’il n’y a pas de possibilité de test sur place.

Ce «rassurisme» n’est pas partagé par un certain nombre d’alpinistes, comme le Norvégien Erlend Ness, évacué après avoir été malade deux jours sur le camp et testé positif à Katmandou. «Je pense que je ne suis pas le seul, avait-il alors déclaré à l’Agence France Presse. Toutes les équipes au camp de base savent que le risque de Covid plane et qu’elles doivent être prudentes.»

Certains, comme l’Américaine Gina Marie Han-Lee la semaine dernière, préfèrent donc abandonner plutôt que de prendre un risque supplémentaire d’y laisser sa vie. Une décision difficile à prendre quand on connaît le prix exorbitant de l’expédition : 40 000 dollars en moyenne. Notamment en raison de ce coût, certains préfèrent mener à bien leur ascension, et prendre ainsi le risque, en cas de contamination, de rendre leur rapatriement éventuel vers l’hôpital de Katmandou encore plus difficile.